Les experts appellent l’État à en faire davantage pour informer la population sur les risques du cannabis.
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Déjà parmi les plus grands consommateurs de marijuana au monde avant la légalisation, les Canadiens n’ont pas augmenté la dose de façon marquée depuis 2018, d’après Statistique Canada.
Mais pour garder le contrôle sur la courbe de consommation et éviter les dérives, il faut faire davantage de sensibilisation, estime Craig Jones, ancien porte-voix de l’Organisation nationale pour la réforme des lois sur la marijuana au Canada.
« Éduquer, informer et encourager la consommation responsable et modérée doit être une priorité », dit-il indiquant que l’effort a été trop discret jusqu’à présent.
M. Jones a pris sa retraite il y a deux ans après s’être battu toute sa vie pour la légalisation du cannabis. Il souligne qu’il reste beaucoup de travail à faire.
Contrer la désinformation
« J’aimerais voir beaucoup plus de campagnes par exemple sur les risques de consommer du cannabis en combinaison avec d’autres substances comme l’alcool, quand on est enceinte ou quand on a un historique de problème de santé mentale », énumère Craig Jones.
Pour Rebecca Jesseman, du Centre canadien sur les dépendances et les drogues, il est d’autant plus important que l’État s’engage en sensibilisation que l’« on vit dans une aire de désinformation ».
« C’est très difficile de distinguer la publicité des messages de santé publique. À en croire certains sites web, le CBD [le CBD et le THC sont les principaux cannabinoïdes présents dans le cannabis] est une cure miracle capable de tout soigner », s’inquiète-t-elle.
Dans le budget 2018, le gouvernement libéral a proposé d’investir 62,5 millions $ sur cinq ans pour appuyer les organisations communautaires et autochtones qui sensibilisent aux risques associés à la consommation de cannabis.
Cette somme s’ajoutait aux 46 millions $ sur cinq ans déjà annoncés pour appuyer les activités de sensibilisation publique et de surveillance.
Beaucoup d’argent
En 2018-2019, Santé Canada a dépensé 6,3 millions $ en campagnes de sensibilisation, et Sécurité publique Canada y a consacré 2,8 millions $, selon le rapport annuel sur les activités de publicité fédérale.
Scott Bernstein, directeur des politiques à la Coalition canadienne pour les politiques sur les drogues ajoute que pour lutter contre un marché noir « il faut offrir des produits attrayants, mais ce n’est pas le cas actuellement », estime-t-il.
Produits artisanaux
M. Bernstein pointe aussi des « problèmes structurels » dans les règles d’attribution des licences par Santé Canada qui favorisent les grands producteurs. Or, croit-il, de plus petits joueurs pourraient offrir des produits artisanaux qui attireraient une clientèle attachée aux producteurs illicites.
– Avec Sarah Daoust-Braun