L’absence d’informations claires d’Ottawa entourant la campagne de vaccination massive qui doit être organisée au pays afin d’immuniser la population contre la COVID-19 risque de causer du retard dans la planification des provinces.
«En fin de semaine, Anita Anand, la très solide ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, nous disait que normalement, on devrait avoir plusieurs millions de doses d’ici le 31 mars. Mais ça ne veut rien dire, ça, “d’ici le 31 mars”. À quel moment les Canadiens vont-ils être capables d’être vaccinés?», s’inquiète l’analyste politique Thomas Mulcair.
En comparaison, aux États-Unis, un haut responsable a déjà évoqué que les premières doses pourraient être administrées aussi tôt que le 11 ou le 12 décembre.
L’obstination du fédéral à ne rien dévoiler de ses ententes avec les sociétés biopharmaceutiques n’augure rien de bon, selon l'analyste, même si le gouvernement répète que le Canada est le pays qui a réservé le plus grand nombre de doses par habitant au monde.
Il craint même que le Canada soit en retard non pas de quelques jours ou de quelques semaines par rapport aux États-Unis, mais plutôt de plusieurs mois.
L’analyste politique Emmanuelle Latraverse partage les inquiétudes de son collège quant à l’opacité du fédéral.
«Tout ce qu’on sait, c’est que l’Agence de santé publique du Canada a dit qu’on allait avoir six millions de doses entre le 1er janvier et le 31 mars», note-t-elle.
Pour les provinces, ce manque d’informations représente un grave problème, dit-elle.
«Toute la chaîne du casse-tête qui vient avec le fait de mettre en place cette campagne de vaccination monumentale dépend d’informations claires de la part d’Ottawa sur comment on va procéder.»
D’ailleurs, selon l’analyste, les discussions achopperaient entre le fédéral et les provinces concernant la distribution des vaccins, qui dépendent de négociations entre les différents paliers gouvernementaux.
Reste qu’il est normal que les Canadiens ne soient pas les premiers habitants du monde à obtenir le vaccin.
«Dans le seul cas du vaccin de Moderna, le gouvernement américain a donné 2,6 milliards $ pour aider à le développer. Si tu as payé pour le développer, on s’entend que tu peux l’avoir avant les autres», rappelle Emmanuelle Latraverse.