Près de 400 personnes, majoritairement des femmes, pourraient être victimes de traite de personnes dans les Laurentides, selon une étude rendue publique mardi.
Menée par des chercheuses du Cégep de Saint-Jérôme, en association avec le Phare des AffranchiEs, un organisme qui lutte contre le phénomène, l'étude est basée sur les témoignages de 185 représentants des corps policiers, de la Direction de la protection de la jeunesse et de différents milieux sociocommunautaires.
Ces intervenants ont déclaré avoir identifié 315 victimes de traite de personnes et suspecter 80 autres cas dans l'ensemble du territoire des Laurentides, dans la dernière année. Il s'agit de femmes à 95,6 %, dont le tiers serait d'âge mineur.
Selon la chercheuse principale, Édith de la Sablonnière, la nature cachée de la traite de personnes permet de présumer qu'il y aurait beaucoup plus de victimes.
«On parle d'activités illégales, clandestines, mais ça existe, ouvrons les yeux. Beaucoup de victimes souffrent en silence. Il faut qu'elles sachent qu'on travaille à les aider», a-t-elle dit en entrevue.
L'étude pose un constat alarmant. La moitié des répondants ont déclaré être mal informés et mal outillés pour intervenir face à ce type de victimes. Parmi eux, 48 % disent n’avoir reçu aucune formation, ni atelier de sensibilisation sur la traite de personnes.
«À la question de savoir s'ils savaient où référer les victimes, 22 % ont répondu ne pas savoir, et le quart des répondants a laissé la question sans réponse. Ça veut dire que 40 % des intervenants ne réfèrent pas. Ça c'est inquiétant», s'alarme Édith de la Sablonnière.
Même si la traite de personnes inclut la servitude domestique, l'exploitation à des fins de travail, et la mendicité forcée, les cas rapportés dans les Laurentides sont constitués de victimes d'exploitation sexuelle à 89,8 %.
Parmi les victimes identifiées, 91,8 % seraient citoyennes canadiennes, tandis que 5,4 % sont non canadiennes, et 2,8 % autochtones.
La chercheuse pense que le phénomène n'est pas unique aux Laurentides. «On s'attend à ce que ça existe dans les grands centres urbains, mais pas dans les régions. Pourtant l'étude le montre clairement, les victimes sont réparties proportionnellement à travers tout le territoire, et pas seulement près de la capitale régionale, Saint-Jérôme. On peut penser que le même phénomène existe ailleurs.»