Les États-Unis ont lancé une nouvelle attaque contre le système de gestion de l'offre dans l'industrie laitière, mercredi, en réclamant la tenue de «consultations» avec le Canada.
Pour justifier sa demande, le département du Commerce américain a plaidé que le système de gestion de l'offre qui protège les producteurs canadiens en fixant des quotas de production et en limitant drastiquement les importations contrevient à l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).
Les États-Unis deviennent ainsi le premier signataire de l'accord à invoquer les clauses prévues pour renégocier un point de l'entente de libre-échange qui a remplacé l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
«L'une des principales améliorations [de l'ACEUM] était d'offrir un accès plus juste aux producteurs laitiers américains au marché laitier canadien, grandement protégé. Les mesures du Canada violent cet engagement et font souffrir les agriculteurs et producteurs laitiers américains», a dénoncé par communiqué le représentant au Commerce des États-Unis, Robert E. Lighthizer.
Dans un premier temps, le bureau de M. Lighthizer a réclamé, dans une lettre adressée à la ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, Mary Ng, la tenue de consultations sur cette épineuse question.
Si ces consultations échouent, les États-Unis réclameront la formation d'un panel de l'ACEUM pour examiner le dossier.
Appelé à réagir, la ministre Ng s'est dite «convaincue que notre administration des contingents tarifaires laitiers est en pleine conformité avec nos engagements au titre de l'ACEUM».
Lors des négociations entourant la mise en place de l'ACEUM, Ottawa avait cédé devant les pressions de Washington en entrouvrant son marché laitier aux producteurs laitiers américains. Les nouvelles mesures touchaient surtout l'importation de concentrés de protéine de lait, qui peuvent être utilisés dans la fabrication de produits comme les yogourts.
Somme toute, le Canada avait consenti à ouvrir environ l'équivalent de 3,9 % de son marché, une décision qui avait été vertement dénoncée par les producteurs laitiers canadiens qui estimaient que cette brèche représenterait une perte d'environ 190 millions $ par année.
Il s'agissait de la troisième fois de suite qu'Ottawa sacrifiait une partie de son marché laitier pour conclure des accords de libre-échange, après l’Accord économique et commercial global et le Partenariat transpacifique global et progressiste.
D'ailleurs, la ministre de l'Agriculture, Marie-Claude Bibeau, avait annoncé à la fin novembre que les producteurs laitiers recevront 468 millions $ en 2020-2021 et lors des deux années suivantes en guise de compensation pour ces deux accords commerciaux.