Le «père de l'assurance maladie», Claude Castonguay, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à sa résidence, laissant derrière lui un héritage colossal, salué par l’ensemble de la classe politique québécoise.
À 91 ans, Claude Castonguay sera resté actif dans le débat public presque jusqu’à la toute fin.
Il intervenait notamment dans les pages de «La Presse», mais avait annoncé le mois dernier que l’âge avait fini par le rattraper et qu’il ne sentait plus en mesure d’assumer sa chronique.
«Vivre plus longtemps, comme c’est le cas de nos jours, signifie que nous devons aussi vieillir plus longtemps», écrivait-il dans cette chronique-testament, qui résonne d’autant plus que le Québec est confronté au vieillissement de sa population et que les CHSLD ont été frappés de plein fouet par la pandémie.
Claude Forget a côtoyé Claude Castonguay durant des années.
Ancien ministre des Affaires sociales de 1973 à 1976 sous le Gouvernement de Robert Bourassa, il est recruté par Claude Castonguay en 1967 afin qu’il participe à la Commission d'enquête sur la santé et le bien-être social qui se déroulera de 1968 à 1970.
«C’est quelqu’un qui attirait le respect et l’admiration. J’ai beaucoup aimé travailler avec lui parce que c’était quelqu’un qui avait de profondes convictions et de projet extraordinaire. Il travaillait bien avec ses collaborateurs», a-t-il mentionné.
Il a été plus tard recruté comme vice-président de la Banque Laurentienne (auparavant connue comme Groupe Laurentienne) alors que M. Castonguay en était président.
«Un engagement absolument exceptionnel dans la santé financière et sociale du Québec malgré trois ans de politique», a ajouté M. Forget.
Claude Castonguay se sera battu toute sa vie pour que les Québécois aient accès à de meilleurs soins de santé.
Actuaire de formation, il se fait connaître à la fin des années 60 comme premier président de la Commission Castonguay-Nepveu, qui débouche sur la création du régime d’assurance maladie (RAMQ) et de l’aide sociale.
À l’époque, un tiers des Québécois vit sous le seuil de la pauvreté.
Claude Castonguay est recruté en 1970 par les libéraux de Robert Bourassa, qui en fera son ministre de la Santé, puis des Affaires sociales. Il quitte la vie politique en 1973, avec laquelle il renouera au début des années 90, alors que Brian Mulroney le nomme sénateur à Ottawa.
Claude Castonguay quitte le sénat en 1992 pour diriger, en 2007, une autre commission marquante sur l’avenir du système de santé.
Son rapport l’année suivante a l’effet d’un choc à Québec, alors qu’il propose de laisser plus de place au privé dans le système de santé, lui qui était pourtant considéré comme l’un des pères fondateurs du système de santé universel tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Le rapport Castonguay appelle aussi à augmenter la TVQ pour financer le réseau de la santé, mais du même coût, d’instaurer un tarif aux patients qui nécessitent davantage de soins.
Les critiques sont vives et les principales conclusions sont finalement rejetées par le gouvernement Charest et son ministre de la Santé, Philippe Couillard.
Devenu premier ministre en 2014, Philippe Couillard essuie régulièrement les foudres de Claude Castonguay pour ses réformes en matière de santé.
Claude Castonguay avait même appelé à la démission du ministre de la Santé de l’époque, Gaétan Barrette, dans la foulée de la controversée entente sur le salaire des médecins spécialistes.
Nombreuses réactions
François Legault
«Le Québec perd un de ses plus grands visionnaires. Claude Castonguay laisse derrière lui un héritage immense. Toute sa vie, il aura contribué à renforcer la qualité et l'efficacité de notre système de santé. J’offre toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches».
Dominique Anglade, cheffe du Pari libéral du Québec
«Mes condoléances à la famille et aux proches de monsieur Claude Castonguay. Connu comme le «père de l’assurance maladie», son héritage reste immense et a contribué à jeter les bases de notre filet de sécurité sociale. Merci monsieur Castonguay».
Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux
«Le Québec a perdu aujourd’hui le «père de l’assurance maladie». J’aimerais offrir mes condoléances à ses proches. Je veux aussi souligner son importante contribution pour le Québec. Un visionnaire qui a révolutionné l’accès aux services de santé».
Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois
«Un des grands artisans de la Révolution tranquille nous a quittés. Claude Castonguay laisse derrière lui un héritage immense. L'accès universel aux soins de santé est l'une des plus grandes réalisations du Québec moderne.»
Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire
«L'héritage de Claude Castonguay est d'une valeur inestimable: chez nous, la santé fait partie du bien commun. Mes condoléances à ses proches. Tout le Québec est en deuil».
Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois
«Si les grands hommes et grandes femmes se définissent plutôt par la réflexion soutenue que les allégeances du moment, Claude Castonguay fut un grand. Un très grand. Il y a quelques semaines encore, il était des réflexions du Québec, avec rigueur et audace. Sa trace sera durable».
Valérie Plante, mairesse de Montréal
«La métropole et le Québec tout entier perdent un pionnier et un ténor de la Révolution tranquille au legs immense. Mes pensées accompagnent la famille et les proches de M. Claude Castonguay».
Dre Diane Francoeur, présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec
«Je me rappellerai toujours le plaisir que j’ai eu à discuter avec M. Castonguay sur notre système de santé. Un grand sage qui avec son expérience, nous portait vers l’avant. Mes condoléances à sa famille et ses proches, en ces temps si difficiles».