L’obligation de subir un test de dépistage de la COVID-19 pour les voyageurs avant de rentrer au pays n’est pas une mesure «très utile» et pourrait même être contreproductive, selon le chef des soins intensifs de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, Dr François Marquis.
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«Est-ce qu’on peut vraiment faire confiance à un test qui a été fait dans un pays qui a tout à gagner à se débarrasser de quelqu’un qui est malade avant qu’il ne devienne symptomatique et qu’il engorge son propre système de santé?», s’interroge d’emblée le Dr Marquis.
Selon lui, la mesure «n’est pas très utile» et risque même de créer un faux sentiment de confiance chez les voyageurs qui reçoivent un résultat négatif.
«Les gens risquent de faire leur test à un moment où ils sont le plus susceptibles de faire un faux négatif», note-t-il.
Une personne qui partirait en vacances durant une semaine dans le Sud, par exemple, pourrait s’infecter trois jours avant son retour et ne pas avoir suffisamment de virus détectables pour produire un résultat positif lors du dépistage, indique le Dr Marquis.
«Je donne donc un faux sentiment de sécurité, je vais aller contaminer des gens dans l’avion et je vais être encore plus tenté de ne pas respecter ma quarantaine parce qu’on m’a dit que j’étais négatif», dit-il.
Sans compter qu’une contamination peut aussi survenir dans l’avion.
Quarantaine dans des hôtels
Le Dr Marquis estime toutefois que le renforcement annoncé par Ottawa de la surveillance auprès des voyageurs, afin de s’assurer qu’ils respectent leur quarantaine, est nécessaire.
La mesure ne va toutefois pas suffisamment loin à son goût, car un tout petit nombre de délinquants peut avoir de graves impacts.
«On sait que les gens qui voyagent dans le Sud n’ont pas nécessairement la meilleure compréhension ou la meilleure acceptation des consignes de santé publique, donc c’est une population à risque de ne pas faire sa quarantaine», craint-il.
C’est la raison pour laquelle il milite en faveur d’une quarantaine fermée sous surveillance des voyageurs, dans un hôtel par exemple, comme celle mise en place par les autorités sanitaires lors du rapatriement des passagers des bateaux de croisière au tout début de la première vague.
«Même si [les délinquants] se font attraper, même s’ils paient une amende, ça n’aide pas le système de santé. Ces gens-là vont créer des éclosions, déplore-t-il. Ce n’est pas de l’argent des amendes dont j’ai besoin – ça, c’est bon pour le gouvernement. Ce dont j’ai besoin, c’est d’une population en santé, qui ne tombe pas malade.»
«Ça ressemble à la première vague»
Et les hôpitaux sont tellement sous pression actuellement qu’«on ne peut pas se permettre que des gens glissent entre les mailles du filet», prévient le Dr Marquis.
«En ce moment, ça ressemble vraiment à la première vague, quand les patients rentraient, rentraient, rentraient, mais qu’on ne les congédiait pas. Tout ce que je vois, ce sont de plus en plus de ressources qui sont dédiées à la prise en charge des patients COVID, mais on n’a toujours pas plus de ressources disponibles, ni ici ni ailleurs», décrit-il.