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Pause forcée pour les artistes de cirque

Difficile de gagner sa vie quand votre travail est d'amuser un public, mais qu'il n'y a personne pour assister au spectacle. C'est la réalité de milliers d'artistes. Avec la pandémie, le domaine culturel est fortement ébranlé.

Plusieurs artistes ont dû mettre leur carrière et leur vie sur pause, sans savoir à quel moment tout allait pouvoir reprendre. C'est le cas de Jean-Philippe Deltell.

«Noël à Québec, c'est très, très rare pour moi. D'habitude, c'est le crunch time, le moment de l'année où on travaille le plus. Je serais allé en Allemagne probablement».

L'artiste de 29 ans travaillait pour le Cirque du Soleil quand tout s'est effondré. Le plus difficile dans le contexte actuel, c'est l'inconnu.  

«C'est l'incertitude, et on ne sait pas pour combien de temps», lance-t-il.

Il garde quand même le moral, mais c'est loin d'être évident.

«On devait partir au début du mois de mai, au Japon d'abord, puis en Europe pour une tournée de festivals et de cirque de rue et on devait finir notre saison en Corée du Sud», explique Philippe Dreyfuss, un autre artiste.

Mais la pandémie a frappé et neuf mois se sont écoulés depuis.

«En attendant, notre quotidien, c'est beaucoup d'entraînement. On en profite pour améliorer notre capacité, pour améliorer le spectacle», ajoute M. Dreyfuss.

La plupart des artisans obtiennent de l'aide du gouvernement. S'ils avaient eu le choix, jamais ils n'auraient choisi cette voie.

«C'est vraiment quelque chose que l'on fait avec notre cœur. Donc pour moi, de perdre mon travail, j'avais comme le [sentiment de perdre] une partie de moi», a témoigné Senja Meriläinen, elle aussi artiste.

Des questions sur l’avenir

La pandémie a forcé plusieurs à se questionner sur leur avenir. Neuf artistes sur dix envisagent un changement de carrière, selon un récent sondage réalisé par le Regroupement national des arts du cirque, En Piste, auprès de ses membres.

«C'est vraiment troublant et j'ajouterai à ça une détresse psychologique majeure, un phénomène d'anxiété-dépression chez plus de 60 % des répondants», a ajouté la directrice générale du Regroupement, Christine Bouchard.

Philippe Dreyfuss n'envisage pas un changement de carrière, mais la réflexion est bien présente.

«J'ai quand même 43 ans. Oui, j'ai envie de continuer d'être sur scène, de faire des spectacles, mais c'est angoissant de se demander combien de temps ça va durer et comment ça va redémarrer».

Espoir

«J'ai un contrat signé pour la fin janvier, mais on prend ça avec un grain de sel. Si ça fonctionne temps mieux, j'irais au Maroc, sinon on attendra le prochain», témoigne Jean-Philippe Deltell.

L'espoir d'un retour à la normale amène plusieurs questions.

Combien de compagnies de cirque auront traversé la crise? Quelle sera l'ampleur de leur spectacle? Quelle place prendra le divertissement dans la vie des gens? 

Malgré tout, les trois artistes que nous avons rencontrés restent positifs, sans se faire trop d'illusion. 

«Je suis pas mal sûre que les gens ont envie de voir des spectacles. Mais, comment peut-on les offrir après une grande chute économique?», se questionne Senja Meriläinen.

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