Les émeutiers qui ont envahi le Capitole américain mercredi ne sont qu’une «frange» des partisans du président Donald Trump, mais la situation demeure à tout le moins préoccupante puisqu’on assiste au début d’un mouvement radical, croit un expert.
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Parmi ceux-ci, des suprémacistes blancs, des adeptes du mouvement QAnon, des membres de groupes miliciens et vigilantistes et la droite américaine, remarque David Morin, codirecteur de l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent de l’Université de Sherbrooke.
Or, le mouvement n’est pas nouveau, loin de là. Il a plutôt connu un regain après l’élection de Barack Obama, un premier président afro-américain, en 2008, raconte M. Morin.
«Par contre, sous Donald Trump, ils ont trouvé dans le président américain quelqu’un qui finalement dans une certaine mesure portait leur voix, ne les condamnait pas et légitimait même dans une certaine mesure à la fois leur idéologie et leurs actions», explique le professeur.
Faisant le portrait des dernières années aux États-Unis, David Morin note que, tout comme les corps policiers et le renseignement américain l’ont remarqué, c’est le terrorisme intérieur qui est la cause numéro un des attentats chez nos voisins du sud.
«Donald Trump a un peu canalisé ces mouvements-là en ne les condamnant pas, si vous voulez il leur a donné du gaz», dit-il.
Mais il ne faut pas se leurrer. Si les militants d’extrême-droite se rallient présentement à Donald Trump, leur objectif à moyen terme est de «renverser l’état profond américain».
«On est vraiment dans un contexte insurrectionnel où on veut finalement ramener le président au pouvoir, parce qu’ils ont compris que ce ne serait pas à court terme. Il va falloir comment ça se manifeste sur les prochains mois, les prochaines années, parce qu’à mon avis, on est qu’au début de ce genre d’acte violent», analyse M. Morin.
Qu’il y ait une transition pacifique du pouvoir le 20 janvier venu ou que Donald Trump soit chassé du pouvoir par une destitution ou le 25e amendement de la Constitution, il est plus important encore de comprendre que le mouvement survivra, selon le professeur.
«Le défi c’est qu’on a un mouvement qui s’est vraiment radicalisé. D’ailleurs le fait que les grands réseaux sociaux coupent le sifflait à ces gens-là, ça ne leur permettait plus de recruter de nouveaux membres, mais ça a contribué à les envoyer sur des plateformes plus discrètes où ils ont pu fomenter d’ailleurs l’acte du 6 janvier», pense David Morin.
L’expert en radicalisation ne serait d’ailleurs pas surpris que les États-Unis soient le théâtre d’actes de violence dans les prochaines années de la part de ces gens qui demeurent convaincus que l’élection présidentielle leur a été volée.