Le projet de batterie québécoise du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon bat de l’aile selon les partis d’opposition, qui dénoncent qu’une australienne s’apprête maintenant à extraire le minerai de l’Abitibi pour l’envoyer se faire transformer aux États-Unis pour le géant Tesla.
« Ce qui me met hors de moi, c’est que l’on continue à faire la même chose. Il est où le ministre ? On n’a pas de valeur ajoutée. On ne fait qu’extraire et exporter. Il n’y a pas d’écosystème de batterie. C’est un échec », a déploré Monsef Derraji, député de Nelligan du Parti libéral du Québec (PLQ), porte-parole de l’opposition officielle en matière de PME et d’innovation.
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Mardi, Le Journal a souligné que la moitié de la future production de lithium de l’Abitibi des projets de Soyana Québec allait prendre le chemin des États-Unis pour être transformée en Caroline du Nord par Piedmont Lithium, qui le revendra en partie à Tesla.
«On envoie le message que l’on est à vendre. On plante un gros panneau : "À vendre" devant chaque mine en disant aux multinationales : " Venez donc mettre un peu d’argent ici "», s’est désolé Vincent Marissal, député de Rosemont de Québec Solidaire (QS), porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’économie.
Selon lui, le gouvernement du Québec devrait être propriétaire à 51% de la filière, un peu à l’image d’Hydro-Québec, pour en reprendre le contrôle.
« Projet de société»
L’automne dernier, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a dit qu’il était prêt à mettre 1,4 milliard $ pour la filière des batteries pour en faire « un projet de société », qui va plus loin que la recette classique de l’extraction et de l’exportation.
« Je suis désolé, mais entre septembre et aujourd’hui, il a mis 1,4 milliard sur la table, et n’a rien fait de plus. On continue à extraire le minerai et l’exporter. C’est quoi la valeur ajoutée pour l’économie québécoise ? Ma crainte, c’est que le Québec manque le bateau avec le lithium», a ajouté Monsef Derraji du PLQ.
Pour Méganne Perry Mélançon, députée de Gaspé du Parti québécois (PQ), porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de PME, le gouvernement Legault manque de vision dans la filière naissante.
« J’ai un goût amer depuis Nemaska Lithium. On veut de la deuxième et troisième transformation chez nous. Toujours. Je viens de la Gaspésie. C’est notre discours depuis longtemps dans toutes sortes d’industries, en forêt, en pêche. On a besoin d’une usine de propriété québécoise», a-t-elle conclu.