Amputée de ses bras et de ses jambes, une jeune femme dont le tragique accident avait fait les manchettes à la fin 2017 raconte ce soir à l’émission «J.E» son pénible combat contre la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
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Dans la nuit du 24 au 25 décembre 2017 en Outaouais, Sabryna Mongeon avait reçu une puissante décharge électrique après avoir perdu le contrôle de sa voiture. Elle a ensuite dû subir six amputations.
Trois ans plus tard, «J.E» a repris contact avec celle qui est aujourd’hui mère monoparentale d’un enfant de un an. Si son courage et sa détermination ont de quoi impressionner, la jeune femme avoue que ses seuls moments de découragement sont en lien avec les décisions administratives rendues par la SAAQ dans son dossier.
«Je ne répondais même plus quand ils m'appelaient pour x raisons, raconte-t-elle. Je n'avais juste pas l'énergie de me battre avec eux pour quelque chose qui est pour moi existentiel.»
En l’espace de trois ans, elle explique que son montant d’aide à domicile a été réduit de plus de la moitié. Elle s’est tournée vers les services d’une avocate et conteste aujourd’hui cette décision.
«C'est ça qui est problématique avec la SAAQ, ils l'appliquent tellement rigidement la loi, on dirait qu'il n'y a plus de place à la discrétion », remarque son avocate, Me Sophie Mongeon.
«[Mon fils] me donne quand même la force de ne pas être découragée, souligne Sabryna. Je vais lui donner ce qu'une maman normale pourrait lui donner, mais ce qui me décourage c'est la SAAQ et leur indifférence dans tout ça.»
Le combat d’une vie
Son combat fait écho à celui de Marcel Dubeau, un homme paralysé des quatre membres depuis un grave accident de la route survenu en mai 2006.
«Pour moi, si je n'ai plus de thérapie, pour moi ça brise ma vie», décrit M. Dubeau.
Pendant plus de 11 ans, la SAAQ remboursait la majeure partie de ses traitements de réadaptation qui lui ont permis après des années d’effort de réapprendre à marcher.
Mais en avril 2019, son univers s’est effondré à nouveau. La SAAQ l’a alors informé qu’elle cessait les remboursements pour ses traitements.

«Pour que les remboursements se poursuivent, il faut absolument qu'il y ait des améliorations à l'état de santé de la personne, explique Mario Vaillancourt, porte-parole à la SAAQ. Pour le cas dont on parle, ce qui s'est produit, c'est qu'il y a eu erreur administrative, dans le sens que les remboursements auraient dû cesser bien avant, il y a longtemps.»
Pourtant, le thérapeute et le médecin traitant de Marcel Dubeau disent tous deux avoir été surpris par cette décision de la SAAQ.
«La SAAQ va tout détruire ce qu'elle a investi dans le cas de M. Dubeau. Ce sont des heures et des heures de travail acharné en physio réduites au néant», déplore son thérapeute.
Son médecin, le Dr Mathieu Hanna, recommande lui aussi la poursuite des traitements.
«Je crois que juste de maintenir les acquis dans son cas, ça fait qu'on évite de le placer dans un CHSLD ou dans une ressource intermédiaire. Probablement que ça coûte moins cher au système de lui payer la physiothérapie que de se faire hospitaliser et de gérer toutes les complications qui en découlent.»