En plus d’acheter toujours plus de VUS et de camions, les Québécois payent de plus en plus cher pour leur véhicule, montre le rapport État de l’énergie au Québec 2021, publié par HEC Montréal, jeudi.
Alors que les Québécois payaient en moyenne 37 099 $ en 2017 pour leur véhicule, le prix moyen de vente est monté à 40 496 $ en 2019, une hausse de +9,2 % en deux ans seulement, montre l’étude corédigée par Pierre-Olivier Pineault, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal.
Depuis 2015, il se vend plus de camions, catégorie qui comprend les minifourgonnettes, les véhicules utilitaires sport (VUS) et les camionnettes, que de voitures au Québec.
Selon M. Pineault, les voitures pourraient disparaître dans six ans.

graphiques tirés du rapport «État de l’énergie au Québec 2021»
«Si on continu sur la tendance des trois dernières années, on ne vendra plus de voitures en 2026, c’est dans six ans! [...] Ça fait sept ans qu’on dit qu’on bat des records de vente de VUS. C’est malheureux parce que ça nous éloigne des objectifs climatiques. On sait que les gens détestent payer pour l’essence... il y a un paradoxe!», relève-t-il en entrevue.
Cette préférence des Québécois pour les gros véhicules soulève le problème de l’endettement des ménages.
«Est-ce qu’on veut laisser les ménages s’endetter à un point tel que ça pose un problème et que ça crée une bulle d’endettement qui explose? On va avoir un problème», avertit le chercheur.
Congestion routière
Par ailleurs, si le télétravail a poussé de nombreux ménages à s’établir à l’extérieur des grands centres, elles deviennent également plus dépendantes à leur véhicule et ne sont pas épargnées par les problèmes de congestion routière autrefois réservées aux villes.
«Est-ce qu’on aime ça la congestion? Vous savez si on a 1000 véhicules sur la route, si c’est 1000 Corolla ou 1000 Hummer, ce ne sera pas la même chose pour l’espace que ça prend. À un moment donné, il y a ce qu’on aime individuellement, mais il y aussi la santé économique, individuelle, et la fluidité dans nos agglomérations! Ce n’est pas juste à Montréal qu’il y a des embouteillages, c’est dans toutes les villes du Québec», assure-t-il.
Même si certains VUS sont beaucoup plus petits, plus compacts, il n’en demeure pas moins que le poids moyen des véhicules augmente de 12 kilogrammes par année, les très gros véhicules ajoutant du poids à la moyenne.
«On aime les gros véhicules, pour nos égos, notre confort, mais ce n’est pas durable d’un point de vue environnemental et économique», conclut l’expert.
***Voyez son entrevue intégrale dans la vidéo ci-dessus.***