Accusé d’être au cœur d’un réseau de trafic sexuel, le magnat de la mode canadien Peter Nygard pourrait devoir rester derrière les barreaux pour encore au moins une semaine avant d’être libéré sous caution.

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Au palais de justice de Winnipeg, le juge a indiqué qu’il se donnait quelques jours pour réfléchir au plan de détention à domicile présenté jeudi par les avocats du riche homme d’affaires de 79 ans.

Peter Nygard est détenu dans un établissement carcéral du Manitoba depuis la mi-décembre. Il a été arrêté en vertu de la Loi sur l’extradition, qui lie le Canada et les États-Unis, où le flamboyant multimillionnaire a été formellement accusé de neuf chefs d’accusation, dont trafic sexuel et agressions sexuelles.

Libération surveillée

Comme le rapporte CTV News, les avocats de Nygard ont tenté jeudi de convaincre le juge que leur client pourrait être remis en liberté, à condition d’être assigné 24 heures sur 24 à résidence, où la surveillance serait assurée par agence de sécurité privée et par un dispositif vidéo.

Les procureurs ont aussi fait valoir que l’accusé, dont la fortune est estimée à près de 1 milliard $, s’engageait à verser une caution de 1,2 million $ pour sortir de prison en attendant la suite des procédures.

Toujours selon ses avocats, le septuagénaire a une santé fragile et il risque de ne pas survivre s’il venait à attraper la COVID-19 en prison.

Le juge a entendu leurs arguments et a promis de rendre une décision d’ici le 5 février.

S’il acquiesce au plan présenté par la défense, Peter Nygard habitera une chic résidence du quartier Royalwood, à Winnipeg, appartenant à Greg Fenske, l’ancien dirigeant de la compagnie qu’il a fondée.

Risque d’évasion

La Couronne s’est toutefois vivement opposée à la libération de Nygard dans les conditions présentées par ses avocats.

Le richissime entrepreneur, qui est propriétaire d’un luxueux palace aux Bahamas, pose un risque d’évasion, a-t-on plaidé.

Ses avocats ont toutefois rétorqué que, contrairement à ce qui a été dit dans les médias, leur client ne possédait plus de passeport valide, ce qu’a reconnu la Couronne.

Même si le magistrat finit par leur donner raison, Peter Nygard ne sera pas au bout de ses peines. Cet été ou au plus tard cet automne, les tribunaux canadiens devront se pencher sur son extradition aux États-Unis, où il pourra ensuite subir son procès.

À l’instar du milliardaire Jeffrey Epstein, Peter Nygard aurait incité pendant des décennies des dizaines de femmes, dont des mineures, à avoir des relations sexuelles avec lui et avec d’autres.

Un ex-employé témoigne

Dans une entrevue diffusée jeudi par la CBC, Stephen Feralio, un homme engagé par Nygard pour le filmer dans son quotidien, a témoigné des agissements déplacés de son ancien patron.

Dans l’une des vidéos tournées par Stephen Feralio lors des Jeux olympiques de Londres, en 2012, on voit le célèbre homme d’affaires aborder une jeune athlète de 16 ans, avec qui il se montre particulièrement tactile.

L’ancien employé Nygard a expliqué qu’il s’agissait de l’une de ses techniques pour recruter des jeunes filles.