À la fin de cette Semaine nationale de prévention du suicide, nous tenons à souligner l’urgence pour le gouvernement d’adopter des mesures nécessaires afin de faire face à la crise qui sévit actuellement chez nos jeunes.
Depuis le début de la pandémie, nous avons pu constater une exacerbation des problèmes de santé mentale chez les jeunes. Selon une étude effectuée par Mélissa Généreux en Estrie et en Mauricie-Centre-du-Québec, 48% des jeunes de 12 à 25 ans affirment avoir des symptômes compatibles avec un trouble d’anxiété généralisée ou une dépression majeure. Chez les étudiants collégiaux et universitaires, cette proportion s’élève à 58%.
Coûts élevés pour consulter
Bien que certains établissements scolaires offrent la possibilité aux étudiants de débourser des sommes permettant de bénéficier d’assurances couvrant partiellement les frais d’une consultation d’un psychologue, ces assurances sont insuffisantes. En effet, alors que les coûts d’une consultation s’élèvent à plus de 110 $ de l’heure, les assurances scolaires offrent généralement un montant de 50 $ pour 10 consultations. De quoi décourager les jeunes de recourir aux services de professionnels malgré leur situation préoccupante.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que l’enjeu de la santé mentale chez les jeunes est un problème persistant qui nécessitait une attention immédiate bien avant la pandémie actuelle. On doit également garder en tête que même lorsque la pandémie sera derrière nous, les effets à long terme sur la santé psychologique des jeunes se feront toujours sentir.
Le 2 novembre 2020, le ministre Lionel Carmant annonçait l’investissement de 35 millions de dollars, montant non récurrent, pour permettre de faciliter l’achat de services en santé mentale.
De cette somme, 10 millions de dollars sont prévus pour répondre aux besoins des étudiants collégiaux et universitaires. Cette somme est loin d’être suffisante pour répondre à l’ensemble des besoins qui touchent l’ensemble de la communauté étudiante et l’ensemble de la jeunesse.
Le gouvernement doit en faire plus
De plus, nous devons constater que les derniers mois furent marqués par les bonnes intentions du gouvernement sans que celles-ci soient accompagnées de mesures suffisantes. La dernière semaine a démontré le manque de cohérence du gouvernement dans le domaine de la santé mentale : l’hésitation gouvernementale quant à l’avenir du centre d’excellence en santé mentale et découverte que le comité gouvernemental chargé d’évaluer le portrait précis de la main-d’œuvre en psychologie ne s’est pas rencontré depuis mai 2019.
Pendant ce temps, la santé psychologique chez nos jeunes se détériore. Plusieurs avenues sont pourtant disponibles.
Des programmes ont déjà été mis en place en Ontario, au Manitoba et au Royaume-Uni afin d’augmenter de manière significative l’accès aux soins de santé psychologique.
En 2017, le gouvernement lançait le Programme québécois pour les troubles mentaux : des autosoins à la psychothérapie. 4 ans plus tard, nous sommes toujours en attente de voir ce projet se concrétiser alors que la situation ne fait que s’empirer.
Les initiatives mises en place par les deux derniers gouvernements représentent une option pouvant répondre à la crise actuelle, encore faut-il cependant que ces initiatives aient les moyens de leurs ambitions et soient pérennisées.
Également, nous sommes en droit d’obtenir des informations de la part du gouvernement qui semblent éviter à tout prix de nous informer de l’avancement de ses initiatives.
Alors que le gouvernement a mis en place un comité consultatif visant à déterminer les mesures à mettre en place pour nos étudiants universitaires et collégiaux, il est essentiel que la mise en place d’un programme répondant rapidement et efficacement aux besoins de l’ensemble des jeunes en fasse partie.
Pour que prennent fin les belles paroles et les vœux pieux et que l’on se mette en action pour l’avenir de notre société : notre jeunesse.
Vincent Boulay, avocat et conseiller au Comité national des jeunes du Parti Québécois et l'exécutif du CNJPQ