/news/society

La carboneutralité pour 2050: une possibilité ou un mirage?

PHOTO COURTOISIE

L’objectif de carboneutralité pour 2050, énoncé par le gouvernement de Justin Trudeau au mois de novembre dernier, est-il un mirage ou un objectif réalisable? Selon une large étude publiée aujourd’hui, les avenues pour y parvenir sont multiples, à condition d’appuyer sur l’accélérateur «dès maintenant».

«Le Canada a les possibilités technologiques et techniques de le faire», a expliqué d’emblée Justin Leroux, professeur d’économie appliquée à HEC Montréal et membre de l’Institut canadien pour des choix climatiques, qui a œuvré sur le nouveau rapport intitulé «Vers un Canada carboneutre : s’inscrire dans la transition globale». 

La carboneutralité est définie par le gouvernement fédéral comme une «économie [qui] ne produirait aucune émission de gaz à effet de serre (GES)». On peut y parvenir en émettant très peu de GES ou en capturant autant de carbone qu’on en émet. 

Il va sans dire que cet objectif ambitieux implique d’importants changements dans les politiques du pays. 

Avantages concurrentiels et valeurs sûres

À ce sujet, les auteurs de l’étude notent que le Canada détient des «avantages concurrentiels» par rapport aux autres pays, notamment un territoire «extrêmement étendu», note Justin Leroux. 

«C’est un avantage géographique qui va permettre d’aller développer des cultures qui permettent de capter le carbone», a souligné l’expert, une idée plus clairement incarnée dans l’annonce du fédéral, en décembre, de planter 2 milliards d’arbres d’ici les prochains dix ans. 

Justin Leroux estime aussi qu’il y a «un avantage dans le fait qu’en Alberta, notamment dans l’industrie pétrolière, il y a une expertise qui se développe de plus en plus sur les technologies de captation de carbone». 

Ces technologies de captation, même si elles restent globalement expérimentales à l’heure actuelle, sont une des pistes de solutions plus «risquée», mais «prometteuse» pour l’avenir. 

«Elles sont prometteuses, mais elles ne sont pas encore assez développées pour que l’on soit sûrs qu’elles peuvent se faire à grande échelle et à un coût raisonnable», a précisé l’économiste. 

Ce serait une erreur de voir dans ces technologies comme la seule solution. Les auteurs de l’étude suggèrent plutôt de mettre l’accent tout de suite sur ce qu’ils appellent les «valeurs sûres» : l’amélioration de l’efficacité énergétique globale, le recours à l’électricité pour le chauffage, notamment avec des thermopompes, et l’électrification des transports. 

«C’est important de donner un gros coup de barre pour ces valeurs sûres, a ajouté M. Leroux. Pendant ce temps, on continue en parallèle ces «paris risqués» technologiques. Ce sont deux choses complémentaires.» 

Une question de volonté politique

Si, pour y parvenir, la carboneutralité nécessite un savant mélange de toutes ces avenues, il reste que le tout repose dans les mains des décideurs politiques. 

«Politiquement, c’est important d’envoyer un signal fort sur l’importance d’atteindre cet objectif de carboneutralité», en offrant un cadre législatif clair et des incitatifs importants. 

Parmi les mesures les plus conséquentes pour atteindre l’objectif en vue, l’implantation d’un système de taxation du carbone est certainement la plus importante de toutes. 

«Après avoir étudié une soixantaine de scénarios pour voir ce qui était faisable, on a vu qu’il y avait plusieurs manières d’arriver à la carboneutralité en 2050. On est en bonne posture pour y arriver», estime l’expert.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.