Voyages à Dubaï, séjours dans les plus beaux hôtels, croisières en yacht et balades au volant de luxueuses voitures: c’est cette image projetée sur les réseaux sociaux par de jeunes adeptes de l’entreprise BE qui a convaincu Marjorie (nom fictif), 18 ans, de se lancer dans l’aventure.
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«Il m'a dit que plus vite je signe, plus vite je vais faire mon argent [...] plus vite je vais pouvoir être une leader», explique celle qui a versé plus de 2000 $ à un membre de BE, une entreprise sur laquelle enquête actuellement l’Autorité des marchés financiers (AMF).
La jeune femme, qui a requis l’anonymat, raconte que l’adepte de BE qui l’a convaincue d’investir lui aurait fait miroiter des gains rapides et des revenus pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers de dollars par mois.
L’entreprise BE, anciennement nommée MELIUS, est basée à Dubaï. Parmi les adeptes, plusieurs jeunes Québécois qui sont très actifs sur les réseaux sociaux et font la promotion de l’entreprise et des trois frères fondateurs.

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
«J.E» s’est intéressé à ce phénomène après avoir reçu de nombreux messages de parents inquiets de voir leurs enfants, de jeunes adultes, être sollicités et verser quelques milliers de dollars dans l’espoir de faire de l’argent, beaucoup d’argent.
«Quand ils étaient sur les réseaux sociaux, ils ont vu l'histoire des trois frères de Dubaï, qui promeuvent une richesse incroyable avec les Ferrari, Lamborghini et les condos à Dubaï. Et moi, tout de suite, ma première pensée c'était que c'était un système pyramidal», explique ce père de famille dont l’enfant, âgé de 19 ans, s’est laissé convaincre.
«Quand j'ai demandé comment ils pouvaient faire de l'argent avec leur cellulaire, c'était: on doit trouver des gens qui veulent embarquer dans notre équipe, pour grossir notre réseau afin de vendre des cours de “trade”.»
D’après les témoignages recueillis par «J.E» et les informations rendues disponibles par l’entreprise, pour faire de l’argent, il faut d’abord devenir membre en achetant des forfaits qui varient entre 250$ et 2000$. Une fois membre, les adeptes auraient accès à divers services et avantages, en fonction du montant mensuel qu’ils acceptent de verser.
Parmi les services offerts, des formations pour négocier sur les marchés de cryptomonnaie et de forex. Dans une vidéo promotionnelle, l’entreprise explique qu’une commission leur sera versée dès qu’ils réfèrent de nouveaux membres.

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
Cet autre père, qui a également requis l’anonymat, nous raconte que son fils de 18 ans a versé, au printemps dernier, 1200$ à un représentant de l’entreprise alors qu’il n’avait aucune connaissance dans le domaine du «trading».
«Juste en écoutant la personne qui essayait de vendre sa salade, ce n’était pas crédible pour moi. Je lui ai dit: je ne peux pas croire que vous êtes obligés d'aller chercher des jeunes de 18 ans qui commencent dans la vie, qui sont influençables, et vous allez les chercher comme ça parce que c'est de la facilité pour vous d'aller chercher leur argent.»
Dans la mire de l'AMF
Ces parents ne sont pas les seuls à s’inquiéter. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a reçu des signalements au sujet de BE, anciennement MELIUS, qui opère également sous le nom de BE Factor.
«BE Factor fait miroiter les attraits d’une richesse acquise facilement, sans avoir à détenir des connaissances dans le domaine des devises et des cryptomonnaies, dit l’AMF. Des plaignants racontent que, contrairement aux représentations et à la sollicitation effectuée, ils ne font pas d’argent et semblent avoir payé des forfaits “dans le vide”.»
En décembre dernier, l’Autorité a publié une mise en garde contre l’entreprise et tente depuis de faire cesser la sollicitation sur les réseaux sociaux. L’AMF croit que «BE pourrait avoir agi en contravention avec certaines des lois régies par l’Autorité».
Sans employer le terme «pyramidal», l’AMF souligne que l’entreprise permet «aux investisseurs d’obtenir une rémunération basée sur le recrutement d’autres membres».
L'entreprise a décliné notre demande d’entrevue à la caméra.