Confinement, couvre-feu, règles sanitaires de plus en plus strictes: le gouvernement du Québec a dû adopter des mesures exceptionnelles pour combattre la pandémie.
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Cette semaine, une équipe de l’émission «J.E» accompagne des paramédics et des policiers sur le terrain pour mesurer l’impact de ces mesures sur la santé mentale des Québécois.
Des travailleurs de première ligne constatent une augmentation importante des appels à l’aide, des interventions qui sont de plus en plus complexes.
La clientèle n’est également plus la même. Ceux qui souffrent aujourd’hui sont souvent des gens qui n’auraient jamais imaginé, il y a à peine un an se retrouver dans une telle détresse.
Marie-Pier Dion, paramédic pour Ambulance Demers à Saint-Jean-sur-Richelieu, affirme avoir constaté dès le mois de mars que la détresse commençait à frapper fort.
«On a vu vraiment une différence. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui ont perdu leur emploi», dit-elle.

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
La paramédic ajoute que «ce n'est pas nécessairement des gens qui sont sous le seuil de la pauvreté. On voit davantage de gens plus à l’aise financièrement être dépressifs. Des gens qui ont perdu leur compagnie. Qui ont honte de ne pas être capable de remonter la pente, de penser que ça va bien aller, et finalement ils ne voient pas le bout de ce qui s’en vient», conclut-elle.
Même constat pour René-Pierre Bergeron, son superviseur chez Ambulance Demers. «Quand la pandémie a commencé, le premier confinement a donné un coup de massue à l’état mental des gens. L’été a été plus tranquille. Avec la deuxième vague, l’absence de pouvoir voir du monde au temps des fêtes en famille, le couvre-feu. Ce qu’on voit, c’est plus compliqué au niveau des interventions. C’est comme des détresses plus profondes chez les gens. On est plus longtemps sur les lieux avant de régler la situation».
Un sondage Léger réalisé au Québec pour le compte de la Revue Canadienne de Psychiatrie démontrait déjà, en mai dernier, une hausse des symptômes de dépression modérée à sévères liés à la Covid-19.
Selon Évelyne Thuot, psychiatre à l’hôpital du Haut-Richelieu, ces dépressions constituent un facteur de risque important de suicide qui amène des consultations, des hospitalisations.

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
La psychiatre a d’ailleurs constaté un impact sur le nombre de ses consultations après la première vague.
«Au niveau de la santé mentale, on dirait qu’il y a eu un calme relatif avant la tempête. Au début de l’été, on a commencé à avoir des sons de cloches, comme le double du nombre de suicides attendus à ce moment-là. Puis au début de l’automne, pour mes consultations à moi, je dirais le double par rapport aux années précédentes», précise-t-elle.
Selon la psychiatre, l’être humain réagit avec des stresseurs qui sont nouveaux et variés. Elle estime qu’il y a plus de gens qui ont frappé un mur, car leurs défenses sont trop sollicitées. Ils ont besoin d’aide supplémentaire.
Si c’est votre cas, vous pouvez trouver de l’aide au 1-866-APPELLE ou encore à l’adresse SUICIDE.CA.