Il n’a fallu au Journal que deux heures à l’arrivée à Montréal-Trudeau hier pour passer de l’avion à la chambre, sans une surveillance serrée, afin de débuter la quarantaine obligatoire à l’hôtel.
Douanes, bagages et test de dépistage à l’aéroport: aucune attente.
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Bien loin des 15 heures passées à attendre au téléphone pendant tout le week-end, tel que vécu par Le Journal, afin de réserver une chambre.
Hier, la quarantaine d’au moins trois jours est devenue obligatoire pour les voyageurs qui rentrent au pays en avion, ainsi qu’un test de dépistage à l’arrivée.
Malgré le coût annoncé de 2000 $, une réservation à l’hôtel Aloft, par exemple, revient à un peu moins de 1200 $.
Santé Canada souligne que 366 chambres avaient été louées pour cette première journée. Mais ces statistiques datant de dimanche midi n’incluent pas celle obtenue en soirée par Le Journal.

Photo Hugo Duchaine
Juste avant de quitter l’aéroport, une quinzaine de postes attendent les voyageurs pour un test de dépistage mené par les laboratoires Biron. Le résultat est attendu à l’intérieur des trois jours de quarantaine à l’hôtel.
Prendre son auto
D’ailleurs, l’expérience du Journal permet de constater qu’une faible surveillance est exercée auprès des voyageurs.
Ainsi, une personne qui avait laissé sa voiture à l’aéroport avant son voyage peut la reprendre pour se rendre à son hôtel, sans être escortée.
Sur place, à Montréal-Trudeau, une responsable nous indique qu’un suivi est fait, et si la personne ne se présente pas à l’hôtel comme prévu, « l’alerte est lancée ».

Photo Hugo Duchaine
Les voyageurs reçoivent aussi un test de dépistage à faire eux-mêmes à la maison au 10e jour de leur quarantaine. La boîte contient un écouvillon à se passer dans le nez, ainsi qu’un sac prépayé destiné à Purolator, qui devrait venir le chercher à domicile et l’acheminer au laboratoire.
Mais absolument rien n’empêche le voyageur de faire quelques courses personnelles, par exemple, avant d’aller s’enfermer.
À notre arrivée à l’hôtel, un Québécois qui rentre de Côte d’Ivoire, en Afrique, raconte à la réceptionniste avoir été incapable de réserver une chambre avec la ligne téléphonique. Les responsables à l’aéroport l’ont dirigé ici. Une situation fréquente, hier, selon les dires des employés.
« C’est un peu compliqué », laisse tomber l’un d’eux, soulignant que les règles changent d’heure en heure.

Photo Hugo Duchaine
Les repas sont inclus dans le prix de la réservation. L’hôtel a un menu assez varié à la disposition des voyageurs. Mon premier repas de quarantaine : un filet de saumon, du riz et des légumes. Bon, mais tiède.
En fuite
Les policiers ont même été appelés après l’arrivée d’un voyageur à l’hôtel, mais celui-ci serait plutôt reparti en voiture avec un complice. Les employés ont donné aux agents une description de l’homme en question, selon ce qu’a pu observer Le Journal.
Hier, le Service de police de la Ville de Montréal n’était pas en mesure de dire si ces fuites sont fréquentes.
À l’hôtel, il est aussi facile de sortir de la chambre et de se promener dans les corridors. Et les employés ne joueront pas à la police, nous dit-on. Mais si un voyageur décide de partir en courant dehors, la vraie police sera appelée.
Les fumeurs, eux, pourront être escortés à l’extérieur.
Un monde de différences avec les États-Unis

Photo Hugo Duchaine
Les douanes étaient désertes hier à l’aéroport Montréal-Trudeau.
Montréal-Trudeau était désert hier en milieu de journée, à l’arrivée du vol en provenance de Fort Lauderdale, après une escale à Atlanta. Une situation qui détonne par rapport aux aéroports visités par Le Journal aux États-Unis.
La plupart des restaurants et des commerces sont aussi fermés pour les voyageurs qui partent de Montréal.
Alors que, si ce n’était des voyageurs masqués, les aéroports de Fort Lauderdale et d’Atlanta laisseraient presque croire à un visiteur qu’il est retourné en 2019.
Les boutiques et restaurants sont tous ouverts et les longues files d’attente ressemblent à celles que les voyageurs montréalais avaient l’habitude de voir derrière un Tim Hortons de l’aéroport de Dorval.
Malgré différentes affiches rappelant de garder une distanciation physique, les nombreux voyageurs s’entassent dans les files.
C’est d’ailleurs le nombre de personnes, que ce soit à l’enregistrement ou à la collecte des bagages, qui est la plus grande différence.
L’avion se rendant à Montréal était aussi pratiquement vide, ne comptant qu’une dizaine de passagers.
Température
À Atlanta, le personnel du transporteur aérien Delta a vérifié la température des voyageurs et s’est assuré qu’ils avaient reçu un diagnostic négatif dans les 72 dernières heures avant de les laisser monter à bord.
Une fois à Montréal, une quinzaine de postes attendent les gens pour leur test de dépistage à la sortie de l’aéroport. Ces derniers peuvent même prendre rendez-vous en attendant leurs bagages.
En quelques secondes, une tige bien enfoncée vient picoter les deux narines, puis direction l’hôtel pour attendre le résultat, en quarantaine.
Difficile d’avoir la ligne
Hier, le temps d’attente moyen pour réussir à parler à quelqu’un afin de réserver sa chambre à l’hôtel était de deux heures, une baisse par rapport au premier et au deuxième jour, alors que des appels étaient interrompus et que la technologie avait du mal à composer avec la quantité d’appels.
Nombre total d’appels
19 février – 20 000
20 février – 15 000
21 février – 10 000
Durée moyenne
Il faut actuellement environ 20 minutes pour faire la transaction.
Réservations actuelles (à midi dimanche)
Nombre de chambres réservées pour hier : 366
Total pour aujourd’hui : 280
Total pour février : 1492
Total pour février/mars/avril : 2 277
Source : Santé Canada