La consommation de Viagra et de faux médicaments pour contrer la dysfonction érectile explose au Québec depuis cinq ans. Des milliers de jeunes hommes mettent leur santé en danger en mélangeant ces petites pilules avec d’autres drogues.
Cela leur permet d’avoir des érections qui durent plus longtemps et d’annuler les effets indésirables occasionnés par certaines substances. Et ce, tout en éliminant l’anxiété liée aux performances sexuelles valorisées par la pornographie et les applications de rencontre.
Plusieurs jeunes raffolent du Viagra et du Cialis, qu’ils soient hétéros, gais, bisexuels ou queers. La plupart n'ont pourtant pas de problèmes érectiles particuliers. Ils ont de 18 à 40 ans, et ils sont accros parce qu'ils consomment souvent d'autres drogues comme de l’ecstasy, de la cocaïne, de la marijuana, de l’alcool, de la kétamine et du crystal meth.
Ces drogues réduisent la capacité érectile du pénis. Les consommateurs mélangent ainsi ces substances et le Viagra. La majorité d’entre eux achètent des comprimés contrefaits dans la rue sans savoir ce qu’ils contiennent vraiment.
Loin de ralentir la demande, la pandémie a même fait augmenter les ventes au Québec et elle a entraîné une hausse des prix sur la rue en raison de la rareté des matières premières.
Ces mélanges sont explosifs et dangereux. Ils ont provoqué des décès partout dans le monde, des problèmes cardiaques et de douloureuses érections qui durent des heures et des jours.
Une large clientèle de jeunes hommes utilise ces produits achetés sur le marché noir pour augmenter leur confiance en eux sous les draps. « C’est parce que tu veux rester toujours sur le même niveau d’érection et ne pas avoir des hauts et des bas. Ça devient une béquille finalement », nous a témoigné un consommateur.
Écoutez l'entrevue de Caroline St-Hilaire avec le journaliste Nicolas Lachance sur QUB radio:
Des toxicomanes, qui ont une dépendance à la morphine par exemple, sont incapables d’avoir une érection lorsqu’ils sont sous les effets de certaines drogues. Ils ont besoin de médicaments comme le Viagra pour réussir à avoir une relation sexuelle.
La consommation de Viagra et de Cialis de rue est également très présente lors des soirées Party and Play (sexe sous influence des drogues), pour prolonger et intensifier les rencontres sexuelles.
Le Cialis est aussi très populaire chez des adeptes du culturisme, au même titre que les stéroïdes. Christiane Ayotte, du Laboratoire de contrôle du dopage situé à Montréal, a d’ailleurs constaté que les sites internet qui distribuent des anabolisants offrent de plus en plus le Cialis.
Selon des professionnels consultés, des hommes qui ont une dépendance à la pornographie peuvent se masturber jusqu’à huit fois par jour. Ils prennent du Cialis qu'ils mélangent avec d’autres drogues pour pouvoir se masturber durant des heures, au point de se blesser gravement le pénis.
Les sexologues et les médecins qui interviennent auprès des gens aux prises avec des problèmes de dépendances signalent l’explosion du nombre de consultations pour ces raisons.
Toutefois, il n'y a pas que des jeunes qui achètent des comprimés de Viagra et de Cialis sur le marché noir. La clientèle varie de 18 ans à 70 ans selon les revendeurs à qui nous avons parlé. Certains hommes cachent leurs problèmes érectiles à leur conjointe et même à leur médecin.
Les escortes, hommes ou femmes, sont aussi une clientèle très payante pour les revendeurs. Ils se procurent des comprimés contrefaits afin de permettre à leurs clients d’un certain âge ou aux prises avec des problèmes de santé ou de toxicomanie d’avoir des érections.