Le ministre de la Santé Christian Dubé a créé la surprise des analystes de «La Joute», jeudi, en lançant en point de presse que le gouvernement voyait d’un bon œil l’implantation d’un passeport vaccinal.
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«Je suis un peu surprise que le ministre ait lancé ça comme ça dans la stratosphère sans qu’il y ait eu une étude approfondie ou une réflexion un peu plus large. Il y a un vrai débat autour de ça au Québec», a réagi Emmanuelle Latraverse.
Le projet risque de se frotter à plusieurs écueils, avertit-elle, notamment sur le plan juridique, puisque les employeurs ne peuvent pas obliger la vaccination de leurs employés.
«On aurait une situation où pour entrer dans un CHSLD pour aller voir ta mère, tu devrais avoir ton passeport vaccin, mais les préposés qui s’occupent d’elle, eux, ne sont pas obligés d’être vaccinés», souligne-t-elle.
Le passeport vaccinal pourrait également créer des remous à l’échelle canadienne si le Québec fait bande à part.
«Tu vas faire quoi cet été quand il va y avoir des touristes de partout ailleurs au Canada? Tu vas fermer tout le tourisme québécois à tous les autres Canadiens? Un moment donné, tant que tu es à l’intérieur d’un même pays, ça va prendre un certain niveau de coordination», mentionne Emmanuelle Latraverse.
Même s’il croit que sur le plan du tourisme international, le passeport vaccinal deviendra obligatoire, Stéphane Bédard est persuadé qu’il serait difficile de le mettre en œuvre au sein même du Québec.
«C’est de l’ordre du gadget. Mauvaise idée. Mettons ça de côté et concentrons-nous sur la vaccination», dit-il.
«Il y a une forme de contrôle social, pour raisons médicales, qui est assez inquiétant, ce qui crée deux catégories de citoyens ou qui crée indirectement le vaccin obligatoire», évoque de son côté Mathieu Bock-Côté.
S’il n’est pas farouchement opposé à l’idée – tant qu’elle demeure temporaire –, il estime néanmoins que «c’est le genre de mesure qu’on devrait aborder avec un point d’interrogation».