Le secteur de la construction résidentielle se remet tranquillement en marche en vue de l’été. Mais déjà, la réalité du marché rattrape les entrepreneurs. Devant la flambée des prix, beaucoup d’entre eux tentent de s’approvisionner à l’avance, ce qui met une pression sur les stocks des détaillants. Les centres de rénovation doivent même rationner des clients.
• À lire aussi: Un boom immobilier sans précédent
• À lire aussi: Un gazebo en bois à 25 000 $, c’est complètement fou !
• À lire aussi: Les aléas du boum immobilier à Trois-Rivières
En un an, le prix de vente d’un contreplaqué chez un détaillant est passé de 40 $ à plus de 80 $. Il y a deux semaines, un sommet de 94 $ a même été atteint.
C’est cette instabilité qui pousse les entrepreneurs à vouloir faire des provisions pour leurs projets des prochains mois. Or, devant des délais de livraison qui se comptent en mois chez leurs fournisseurs, des détaillants doivent rationner les entrepreneurs pour éviter un manque d'inventaire et s'assurer de servir leur clientèle régulière en premier.
Un choix nécessaire selon le gérant du Home Hardware de Saint-Grégoire, Marc Beaudet. «On préfère prioriser nos entrepreneurs réguliers. On ne peut pas vendre, par exemple, pour 100 000 $ de marchandises à quelqu’un qui arrive de l’extérieur sans que nos clients en ressentent les impacts sur la disponibilité de l’inventaire.»
Un casse-tête pour certains dont le carnet de commandes est plein. William Beaulieu des Constructions Marc Beaulieu ne peut pas acheter tout le bois nécessaire dont la compagnie a besoin pour les prochains mois.
«Même si on paye la facture au moment de la vente, nous ne sommes même pas capables d’avoir ce qu’on veut. Les centres de rénovation ne sont pas capables de fournir. Même pour les boîtes de clous, nous sommes limités à deux par jour chez notre détaillant», a-t-il relaté à TVA Nouvelles, jeudi.
Même son de cloche pour Chris Imhof, d’Imhof Construction. Ce dernier a tenté de faire des provisions pour l'été, mais son centre de rénovation a refusé de lui vendre le bois pour des fins d’entreposage. «Ils nous ont demandé si c’était pour utiliser tout de suite. J’ai dit non, alors ils ont préféré garder leur stock en inventaire. À quoi ressemblera le marché dans deux mois? C'est dur à dire.»
Selon un directeur de magasin qui a préféré garder l'anonymat, cette situation pourrait faire mal aux plus petites compagnies. «Ils ont peur, car ceux qui ont la capacité financière veulent faire des provisions et acheter l'inventaire. Eux, ils n’ont pas les reins assez solides. Si ça continue, leur survie est menacée.»
Les clients pourraient payer les frais de cette instabilité. Les entrepreneurs n'ont plus le choix de leur refiler une partie de la hausse de la facture. Des clauses dans les contrats de vente stipulent que le prix des matériaux n’est pas garanti. Une situation malheureuse, selon William Beaulieu.
«C’est vraiment dommage, surtout pour de premiers acheteurs de se faire dire que ça coûtera 5000 $ de plus, mais c’est une nouvelle réalité», a-t-il indiqué.
Signe témoignant de la folie du marché, plusieurs centres de rénovation ont cessé de publier leurs prix de vente sur internet. Et les soumissions sont souvent valides pendant seulement 24 heures.