De passage au refuge pour femmes Chez Doris, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a déploré vendredi le manque de fonds octroyé aux ressources venant en aide aux femmes victimes de violence conjugale.
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«On est tous d’accord pour dire que ce n’est pas suffisant. J’apprécie le geste, mais quand on écoute les organismes, comme Chez Doris où nous sommes, on se rend bien compte que les besoins sont majeurs», a souligné Mme Plante.
Elle est également revenue sur la vague de féminicide qui frappe le Québec, alors que sept femmes ont été tuées en autant de semaines dans la province.
«Quand on dit que les crises affectent les personnes les plus vulnérables en premier, c’est réel. La violence a été exacerbée; il y a beaucoup de femmes qui ont dû rester dans des foyers violents, qui n’ont pas vraiment d’autres options», a-t-elle ajouté.
Pour rappel, le budget du Québec, présenté jeudi, allouait la somme de 22,5 millions $ sur cinq ans au rehaussement des services pour les femmes victimes de violence conjugale.
Une somme additionnelle de 10,5 millions $ permettra de prolonger l’action visant à prévenir et à contrer les violences sexuelles et à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.
Directrice générale de Chez Doris, Marina Boulos-Winton a également estimé que les sommes accordées par le gouvernement étaient insuffisantes.
«S’il y a un cri d’alarme qu’il n’y a pas assez de place, qu’il y a beaucoup de femmes qui sont refusées, il faut faire plus de place pour des refuges qui viennent en aide aux femmes victime de violence conjugale», a-t-elle résumé.

Pour illustrer les fonds nécessaires au fonctionnement d’une ressource, elle utilise l’exemple de son organisme, qui ouvrira, prochainement, un refuge de nuit. Celui-ci pourra aider de 300 à 600 femmes par an. Dans son pavillon actuel, l’organisme en a cependant vu près de 900 dans la dernière année.
«Ça a pris un investissement de 3,5 millions $ pour les rénovations et la construction, plus qu’un million pour l’achat, et ça va prendre un autre million, par année, pour offrir les services», illustrait-elle afin de mettre les chiffres du gouvernement en perspective.
Louise* fait partie de ces femmes qui fréquentent le refuge Chez Doris. Dans la cinquantaine, elle a vécu pendant plus d’une dizaine d’années avec son ex-conjointe, dont les quatre dernières ont été marquées par de la violence conjugale.
Après une fausse dénonciation à la police, elle a été brièvement emprisonnée, avant d’être référée par son avocate au refuge.
«J’ai repris goût à la vie. Je suis arrivée ici et je me suis fait des amies. Ça ne m’était jamais arrivé dans ma vie [d’être sans domicile]. Pour moi, c’est un nouveau monde», a-t-elle révélé, pour montrer qu’une histoire comme la sienne pourrait arriver à n’importe quelle femme.