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Enquête formelle de l’UPAC: Louis-Charles Thouin se retire du caucus de la CAQ

Le député caquiste Louis-Charles Thouin, visé par une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), se retire du caucus de la Coalition avenir Québec.  

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Deux sources nous ont confirmé à notre Bureau d'enquête que le corps policier a décidé de donner suite à une plainte déposée par une entreprise concurrente alléguant que M. Thouin a utilisé son rôle de maire de Saint-Calixte, de 2010 à 2017, pour avantager la SPCA Lanaudière-Basses Laurentides (SPCA LBL).

Il s’agit de la première enquête connue de l’UPAC qui vise un député de la Coalition Avenir Québec.

La semaine dernière, notre Bureau d’enquête rapportait déjà que l’UPAC avait amorcé des vérifications dans ce dossier.

Des nouvelles informations obtenues aujourd’hui confirment que le corps policier est passé à l’étape suivante.

Selon une première source qui a demandé l’anonymat, une enquête formelle a été ouverte et plusieurs témoins ont déjà été questionnés.

Selon une deuxième source, le travail des enquêteurs s’annonce «long et complexe».

DES LIENS PERSONNELS

Dans un reportage publié il y a une semaine, notre Bureau d’enquête exposait en détail comment M. Thouin a été associé à des décisions touchant trois entreprises reliées à des membres de sa famille et à un entrepreneur qui est devenu son ami.

De nombreux courriels de la municipalité de Saint-Calixte, des procès-verbaux de réunions de la SPCA LBL témoignent de l’implication de M. Thouin dans les activités de l’organisme de gestion animale.

À titre de maire, M. Thouin a mis un terme au contrat d’un concurrent, l’entreprise Inspecteur Canin, en mars 2010. Trois mois plus tard il a confié ce mandat à la SPCA LBL, un organisme à but non lucratif (OBNL) dont il a été administrateur et président jusqu’en mai 2010.

En juillet de cette même année, quelques jours après l’octroi du contrat de gestion animalière par Saint-Calixte, la conjointe de M. Thouin, Lucie Duquette, est devenue directrice rémunérée de l’OBNL.

Des documents obtenus par notre Bureau d’enquête montrent que M. Thouin a assisté à au moins une réunion du conseil d’administration de la SPCA LBL, quand le salaire de sa conjointe a été établi.

Il a également reçu à son nom, et à l’hôtel de ville de Saint-Calixte, des lettres de deux municipalités lui confirmant leur intérêt à utiliser éventuellement les services de la SPCA LBL.

M. Thouin a plaidé l’innocence et l’inexpérience, même s’il a reconnu avoir manqué de prudence quant aux perceptions de conflit d’intérêts que sa situation a pu créer.

RIEN D’ILLÉGAL

La semaine dernière, le premier ministre François Legault a plaidé que son député n’avait rien fait d’illégal.

«Si on prend la SPCA, c'est quelque chose qui avait déjà été analysé puis jugé sans conflit d'intérêts par les Affaires municipales, a-t-il dit. Maintenant, toutes les questions du dézonage, on a déjà expliqué qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts.»

De son côté, l’UPAC a refusé de donner davantage de détails sur l’enquête en cours.

« On essaie de garder nos enquêtes les plus confidentielles possible », a indiqué le porte-parole Mathieu Galarneau.

La semaine dernière, le premier ministre François Legault avait déclaré ne pas être au courant des vérifications effectuées par le corps.

À ce sujet, l’UPAC a réitéré que ses enquêtes étaient confidentielles et indépendantes du pouvoir politique.

« L’UPAC n’est pas présente pour se mêler de politique, mais pour appliquer les lois en vigueur en matière de corruption et de fraude envers le gouvernement. La seule chose que nous demandons, c’est de laisser l’UPAC faire son travail et réaliser sa mission », a dit M. Galarneau.

DÉZONAGE

Avant l’UPAC, le commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale avait déjà ouvert une enquête quant au rôle joué par M. Thouin dans une importante révision du territoire autorisée par le gouvernement qui ouvre la porte au dézonage de vastes terres agricoles dans la MRC de Montcalm, où il a été préfet jusqu’en 2018.

Notre Bureau d’enquête a également révélé comment M. Thouin est personnellement intervenu à titre de maire en faveur d’une demande de dézonage d’un entrepreneur de Saint-Calixte en 2017.

Alors qu’il était maire, M. Thouin a également conclu des transactions avec une entreprise où sa belle-fille, qu’il présente comme sa fille, était cadre. Il s’est également associé à l’octroi d’un financement de 2 millions $ à cette entreprise, lors d’une annonce publique en septembre dernier.

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