La mairesse de Saint-Jérôme est en colère parce qu’elle craint de perdre l’usine de batteries de 185 millions de dollars de Lion Électrique au profit des terrains d’Aéroports de Montréal (ADM).
« Je suis en colère parce que l’on se fait concurrencer par une entité fédérale pour la quatrième fois. On avait le terrain de Lion », a déploré au Journal, hier, la mairesse Janice Bélair-Rolland.
Foliot (meubles), Pama (médicaments), Métautek (fabrication)... et Lion, la numéro 1 de la Ville n’en peut plus de se faire couper l’herbe sous le pied par des terrains de juridiction fédérale du cœur aérospatial de Mirabel.
« Je ne me bats pas contre une autre municipalité. Je me bats contre une entité fédérale. Ce n’est pas Lion le problème, c’est que l’on ne joue pas avec les mêmes règles du jeu », a dénoncé Mme Bélair-Rolland, qui dit avoir contacté le bureau du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, à ce sujet.
À la mi-mars, Québec et Ottawa ont prêté 50 millions $ chacun à l’entreprise, détenue en partie par Énergie Power Corporation, son PDG, Marc Bédard, et le fonds d’investissement XPND Croissance.
« L’usine d’assemblage de blocs-batteries créera à Saint-Jérôme 135 nouveaux emplois et permettra de consolider les 465 emplois qui sont déjà chez Lion », s’était alors félicité le premier ministre du Québec, François Legault.
Or, l’avenir de l’usine des Laurentides, qui a vu grandir l’entreprise qui s’apprête à entrer en Bourse, est incertain si l’on se fie à la mairesse.
« On demande aux deux paliers de gouvernements de réviser le mandat d’ADM et de respecter les gouvernements de proximité », a résumé la mairesse.
Sortie cavalière
Joint par Le Journal, le vice-président marketing de Lion, Patrick Gervais, s’est dit « surpris » par la sortie de la mairesse.
« On ne s’est jamais engagé à Saint-Jérôme. On cherche le meilleur endroit pour l’usine. On s’est engagé à ce que l’usine soit au Québec », a-t-il indiqué.
Hier, ADM a réfuté « toute allégation de concurrence déloyale sans fondement » et s’est dite « indépendante du gouvernement du Canada ».
« L’accusation est lourde de sens et nous déplorons qu’elle soit utilisée de façon si cavalière par la Ville de Saint-Jérôme dans le cadre de leurs négociations avec Lion Électrique », a rétorqué par courriel Anne-Sophie Hamel, porte-parole d’ADM, en refusant de commenter les transactions commerciales.
–Avec la collaboration de Cédérick Caron
► La Ville de Saint-Jérôme soutient qu’elle et Lion ont signé un accord de principe pour la future usine à Saint-Jérôme « conditionnellement, entre autres, à l’obtention d’une aide financière de la part des gouvernements fédéral et provincial ».