Après plusieurs mois de négociations, Ottawa a annoncé lundi soir qu’il avait conclu une série d’accords avec la compagnie aérienne Air Canada, qui lui donnera accès à de nouvelles liquidités d’un maximum de 5,879 milliards $.
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Ce financement «par instruments d’emprunt et de capitaux propres» sera remis par l’intermédiaire du Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE), a précisé Air Canada dans un communiqué.
Ces mesures permettront notamment de rembourser selon le mode de paiement initial les clients dont les déplacements ont été annulés en raison de la pandémie de COVID-19. Ce service sera accessible dès mardi.
L’épineuse question du remboursement des vols annulés, plutôt que le simple octroi d’un crédit voyage pour un autre vol, était au cœur du différend entre Ottawa et les entreprises aériennes depuis le début de la pandémie. Le gouvernement Trudeau a régulièrement souligné qu’il exigeait que les entreprises remboursent les billets aux voyageurs dont les vols ont été annulés, une condition pour mettre en place un programme d’aide.
L’accès au réseau d’Air Canada dans la plupart des collectivités régionales où le service a été suspendu en raison de la crise sanitaire sera de nouveau permis. La compagnie aérienne s’est également engagée à restreindre certaines dépenses, notamment quant à la rémunération de ses hauts dirigeants.
«Ce programme nous procure les liquidités supplémentaires dont nous pourrions avoir besoin pour rebâtir notre entreprise dans l’intérêt de toutes les parties prenantes et pour continuer à contribuer largement à l’économie canadienne durant la reprise et à long terme», a déclaré le président et chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau, qui s’est réjoui de l’accélération de la vaccination contre la COVID-19.
Pour les emplois
À la demande d’Ottawa, les emplois, les pensions et les conventions collectives au sein de l’entreprise seront protégés et Air Canada demeurera un client du secteur aérospatial canadien. Il s’agit avant tout d’une décision qui sera bonne pour le pays, croit-on du côté du gouvernement.
«Il est important de protéger les clients canadiens. Notre priorité consiste à assurer la compétitivité du secteur aérien canadien et des compagnies aériennes canadiennes ainsi qu’à protéger des milliers de bons emplois de ce secteur. C’est ce que représente l’annonce d’aujourd’hui avec Air Canada», a expliqué la vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland.
«Après des mois de dévastation, de mises à pied massives, d’annulations de routes régionales et l’avenir de l’industrie en suspens, c’est une lumière au bout d’un long et sombre tunnel», s’est réjoui le directeur général et président du district 140 des transports de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), Fred Hospes.
«Nous nous sommes efforcés de remettre nos membres au travail et de les aider à sortir de la pandémie. Plus de 50 % de nos membres d’Air Canada ont été mis à pied, et la reprise des services régionaux offrira des possibilités de réemploi», a-t-il poursuivi.
Finalement, Air Canada devra conclure l’acquisition des 33 appareils A220 d’Airbus construits à Mirabel. Une commande pour 40 appareils 737 MAX de Boeing a aussi été passée.
C’est Michael Sabia, ex-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec et sous-ministre des Finances à Ottawa depuis décembre, qui était responsable du dossier, tout comme la ministre Freeland et le ministre des Transports Omar Alghabra.
On estime qu’avant cette annonce d’envergure, 2,1 milliards $ avaient été remis aux travailleurs du secteur aérien par l’entremise de subventions salariales, en raison de la pandémie. Ce secteur contribue également au maintien d’environ 235 000 emplois à travers le Canada.