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Philippe Couillard courtise IQ

L’ancien premier ministre libéral Philippe Couillard salue l’initiative d’Investissement Québec, qui vise à bâtir une filière au lithium. « Le minerai, c’est une petite partie de l’histoire, mais surtout le gros avantage, c’est l’hydroélectricité », résume-t-il.

Photo d'archives

L’ancien premier ministre libéral Philippe Couillard salue l’initiative d’Investissement Québec, qui vise à bâtir une filière au lithium. « Le minerai, c’est une petite partie de l’histoire, mais surtout le gros avantage, c’est l’hydroélectricité », résume-t-il.

L’ex-premier ministre, Philippe Couillard, a eu des discussions « préliminaires avancées » avec Investissement Québec (IQ) pour bâtir ici l’usine de batteries de Britishvolt Canada inc., dont il est l’un des administrateurs, a appris Le Journal.

« À titre d’ancien premier ministre, c’est excessivement satisfaisant de voir qu’une entreprise étrangère voit chez nous un terreau de développement idéal pour ce genre de produit là, mais on n’est pas du tout en train de faire des plans d’usine », a expliqué au Journal, Philippe Couillard, ex-premier ministre du Québec.

Fondée il y a deux ans, Britishvolt, qui développe la technologie de batteries lithium-ion, prévoit bâtir la première méga-usine de batterie de 3000 travailleurs au Royaume-Uni et une deuxième au Canada.

Comme d’autres firmes dans le monde, Britishvolt s’est manifesté après l’appel lancé par Investissement Québec, poursuit Philippe Couillard.

On ignore pour le moment combien de fonds publics sollicite la firme Britishvolt Canada inc., où siège comme administrateur Philippe Couillard.

« Nous, on est vraiment en train d’avoir des conversations préliminaires avancées avec Investissement Québec (IQ), sans savoir s’il y a ou pas d’autres participants à la démarche », poursuit le conseiller stratégique chez Dentons.

« Le projet “pourrait” être d’implanter au Canada une usine de fabrication, je dis bien “pourrait”, mais on n’en est pas là », insiste l’ex-politicien.

Au Journal, Philippe Couillard dit qu’il prévoit s’inscrire bientôt au Registre des lobbyistes québécois dès que commencent des « discussions financières précises ».

« Investissement Québec nous recommandait de ne pas nous inscrire avant que l’on ait cette discussion très poussée. J’en ai parlé avec eux », explique-t-il.

Écoutez la chronique économique d’Yves Daoust, directeur de la section Argent du Journal de Montréal, sur QUB radio: 

Lobbyisme à Ottawa 

Début mars, Philippe Couillard s’est inscrit comme lobbyiste à Ottawa pour l’« obtention de soutien financier du gouvernement fédéral pour la construction d’une usine de fabrication de batteries au Canada ».

Quelques jours plus tard, l’ex-premier ministre québécois avait une rencontre avec François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie (MISI) et sa chef de cabinet de l’innovation Sarah Hussaini.

Au cabinet du ministre, on s’est limité à dire que « le personnel [du] cabinet et les fonctionnaires du ministère rencontrent régulièrement les intervenants sur une multitude de questions », sans donner de détails de la rencontre.

Philippe Couillard souligne que la chaîne de valeur mondiale est fortement concentrée en Chine et que pour la rapatrier ici l’État doit mettre de l’argent.

« Ça demande des participations financières des gouvernements très importantes parce que les usines sont très coûteuses et le temps pour la rentabilité est très long », poursuit-il.

L’automne dernier, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait dit au Journal qu’il était prêt à investir jusqu’à 1,4 milliard $ pour avoir une filière de l’électrification axée sur la batterie au lithium.

Extraction, transformation, recyclage de batteries, fabrication de véhicules commerciaux, la filière a du potentiel ici et a besoin de soutien de l’État pour décoller, un peu comme l’aéronautique, image Philippe Couillard.

« Dans le Canada, le Québec est excessivement bien placé pour accueillir une usine comme ça grâce à notre grande quantité d’énergie verte à coût abordable », conclut-il.

– avec la collaboration d’Andrea Valeria

Selon les grandes lignes de l’étude de McKinsey, commandée par Investissement Québec (IQ) pour justifier un investissement de 2 milliards de fonds publics d’ici 5 à 10 ans dans la filière, pas moins de 25 000 emplois pourraient voir le jour avec des revenus de 5,3 milliards $.

Plusieurs de ses proches lobbyistes  

Charles Robert, Jean-Marc Fournier, Luc Fortin... de nombreux libéraux sous l’ère de l’ex-premier ministre libéral Philippe Couillard se sont recyclés par la suite comme lobbyistes, comme c’est souvent le cas après la politique.

Son ancien bras droit, Charles Robert, a été lobbyiste pour l’Association Hôtellerie Québec, le défunt Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO), Fierté Montréal, Nutanix et Tandem.mu jusqu’à la mi-mai 2020, selon le Registre des lobbyistes.

Une année plus tôt, Charles Robert, avait été embauché comme vice-président de la firme Lévesque stratégies et affaires publiques, qui fait la promotion d’une norme anticorruption.

« Nous vous accompagnons dans l’atteinte de vos objectifs en offrant des services de relations gouvernementales et publiques, de gestion de crise, de gouvernance en entreprise et de systèmes de management anticorruption », souligne la firme sur son site web.

Aujourd’hui, Charles Robert est de retour dans l’équipe libérale avec Dominique Anglade, qui aspire à devenir première ministre du Québec.

L’ex-ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-Marc Fournier, est inscrit comme lobbyiste à titre de PDG de l’Institut de développement urbain du Québec, un organisme indépendant et sans but lucratif.

Dans une autre vie, en 2009, Jean-Marc Fournier a été vice-président de SNC-Lavalin.

«Connaissance intime» 

L’ex-ministre de la Famille et de la Culture, Luc Fortin, vice-président de Tact, est lobbyiste pour l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES).

« Il amène également avec lui sa connaissance intime des rouages de l’appareil gouvernemental et son sens de l’analyse très poussé », avait souligné Tact à son arrivée en juin 2020. 

Lucie Charlebois, ex-ministre déléguée à la Réadaptation, est lobbyiste pour la Table de concertation de l’industrie du golf pour « éventuellement discuter de mesures fiscales et de certaines tarifications ».

Jean D’Amour, ex-ministre délégué aux Transports, cumule des mandats pour des projets de développements immobiliers et Corporation Avantages Témiscouata et Prelco notamment.

–Avec la collaboration de Martin Jolicoeur et Geneviève Lajoie

 

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