Après une année tumultueuse où elle s’est malgré tout sentie privilégiée, l’industrie touristique gaspésienne travaille fort pour demeurer la région chouchoute des Québécois à l’avenir.
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Les Québécois ont visité massivement la Gaspésie l’été dernier, offrant à l’économie touristique de la région une véritable bouée de sauvetage dans une année marquée, en raison de la pandémie, par plusieurs périodes de confinement et par l’absence totale de clientèle internationale et d’affaires.
Malgré une baisse de 103 000 visiteurs et de 30 millions $ en retombées économiques en 2020, par rapport à 2019, le pire semble avoir été évité. « [La fréquentation durant l’été 2020] m’a permis de consolider mes emplois pour mon année, mon automne, et pour passer l’hiver », témoigne Simon Poirier, propriétaire du bistro Brise-Bise à Gaspé.
Dans les circonstances, « on a vraiment été chanceux par rapport à Montréal et à Québec », croit également Jean LeMarquand, directeur de l’hôtel La Normandie à Percé.
Mais alors que la vaccination progresse et permet d’espérer une sortie de crise dans les prochains mois, des acteurs de l’industrie se demandent maintenant si cette tendance perdurera dans le temps.
De la concurrence
« Il y a des gens qui sont venus en Gaspésie pour la première fois de leur vie parce qu’ils ne pouvaient pas voyager à l’extérieur. Quand les portes vont se rouvrir vers les frontières, est-ce que les Québécois vont tous décider de voyager à l’international ou ils vont continuer de voyager au Québec ? C’est un défi que l’on a pour les prochaines années », reconnaît Joëlle Ross, directrice générale de Tourisme Gaspésie.
« On va avoir des compétiteurs l’année prochaine », pense aussi Jean-François Gagné, directeur de l’auberge Au pic de l’aurore, à Percé, en référence aux destinations internationales qui pourraient rouvrir leurs portes d’ici 2022.
En attendant, les signaux sont positifs pour l’été à venir. À moins que les variants ne jouent les trouble-fêtes, les plages de la péninsule auront la cote, une fois de plus. « Ça va être un gros été. Les gens se prennent d’avance [pour réserver] », estime Claudine Roy, propriétaire de l’Auberge sous les arbres, à Gaspé.
Une chance à saisir
Selon Jean-François Tapp, copropriétaire du Camp de base dans le secteur de Coin-du-Banc, à Percé, c’est le moment ou jamais « de marquer au fer rouge les expériences qu’on laisse, avec la belle chance qu’on a présentement d’avoir des Québécois qui, par défaut, viennent nous voir pour une première fois, ou reviennent après ne pas être venus pendant plusieurs années ».
D’après lui, les atouts de la Gaspésie, que ce soit ses paysages ou sa base d’entrepreneurs inventifs et authentiques, continueront de séduire les vacanciers de la province.
« Tous ces Québécois qui sont venus l’été passé, ils sont tous repartis en se disant : “Tabarnouche, qu’est-ce qu’on va faire à Old Orchard, pourquoi on va au Nouveau-Brunswick chaque année quand on a ça ici ?” » lance M. Tapp, dont l’auberge a même connu une croissance du chiffre d’affaires l’an dernier, malgré les vents contraires de la COVID-19.
- Écoutez la journaliste Karine Gagnon ici
LE TOURISME EN GASPÉSIE
2020 :
- 682 034 visiteurs
- 349 millions $ de retombées économiques
2019 :
- 785 145 visiteurs
- 380 millions $ de retombées économiques
▶700 entreprises sont membres de Tourisme Gaspésie, dont une soixantaine ont décidé de ne pas ouvrir durant la saison estivale de 2020.
▶Les données d’achalandage et de retombées économiques tiennent compte des nuitées dans les établissements titulaires d’un permis (hôtels, auberges, gîtes, chalets), mais pas du camping nomade et des chalets prêtés à des visiteurs par des amis ou des membres de la famille, qui sont plus difficiles à quantifier. Les valeurs réelles pourraient donc être supérieures.
Source : Tourisme Gaspésie
Des mesures pour éviter les débordements
GASPÉ | Les autorités gaspésiennes sont confiantes que les épisodes désolants de l’été passé, liés souvent à des campeurs malavisés, sont de l’histoire ancienne.
Plages souillées de déchets et même d’excréments, véhicules qui s’enlisent dans des habitats fragiles ou qui sont surpris par la marée, tapage durant la nuit... les scènes de l’an passé sont tout le contraire de ce que la région veut projeter comme image. Les Gaspésiens assurent toutefois que les visiteurs irresponsables étaient très minoritaires.
« Personne ne souhaite revivre ça », appuie Linda Clements, une résidente de Gaspé qui s’est impliquée dans un comité citoyen pour protéger la plage Haldimand, où l’on a déploré des écarts de conduite il y a un an.
La ville mieux préparée
Il y a quelques jours, la ville de Gaspé a annoncé que cet été, toute forme de camping sera proscrite sur les plages publiques. Des barrières seront installées pour empêcher les véhicules d’y circuler. Un camping de débordement sera aussi créé.
L’administration municipale a préféré adopter un règlement plus sévère que pas assez, pour envoyer un message clair. La porte est toutefois ouverte à un retour du camping nomade dans les prochaines années, sous la forme de projets pilotes.
« Tout est ajustable sur le plus long terme. La question, ce n’est pas d’empêcher les gens de venir nous voir, au contraire, c’est de bien les recevoir quand ils débarquent chez nous », dit le maire, Daniel Côté. À son avis, « l’important, c’est l’intégrité de ces plages-là. On veut que nos enfants et nos petits enfants aient accès à des plages dignes de ce nom dans les 25, 50 prochaines années. »
Pour faire respecter ses politiques, la ville entend signer bientôt un bail avec le gouvernement, qui est propriétaire des berges. « Ce n’est pas finalisé, mais disons que tout le monde est au diapason », affirme le maire.
Stéphane Sainte-Croix, directeur exécutif de Destination Gaspé, est aussi rassuré, car « l’offre d’hébergement de camping devrait être efficiente à 100 % », ce qui n’était pas le cas en 2020.
Du côté de Percé, où la municipalité a déjà juridiction sur les plages, on entend miser beaucoup sur la sensibilisation. « Je suis confiante. On en a parlé beaucoup. [...] Il y a eu une prise de conscience collective envers le phénomène », estime la mairesse de Percé, Cathy Poirier.
Son message aux touristes est le suivant : « Réservez ! On est accueillants. On est heureux de vous recevoir, mais évidemment, pas au détriment de l’environnement », clame-t-elle.
Gaspésie

Photo courtoisie, Tourisme Gaspésie
Le parc national Forillon demeure un incontournable pour les touristes en Gaspésie.
Trouver où loger à coup sûr
L’été 2020 a donné lieu à des débordements le long du littoral, des campeurs s’étant installés un peu n’importe où en des lieux sans services. Dans certains cas, on a même observé un manque de civisme.
Le point commun de tous ces campeurs improvisés : ils n’avaient pas réservé leur séjour. Il en a aussi été ainsi pour ceux qui ont discrètement dormi dans leur véhicule, à défaut de trouver une chambre pour la nuit.
Plus de 200 établissements
Pourtant, il y a beaucoup de lieux d’hébergement, comme en fait foi le nombre d’établissements membres de Tourisme Gaspésie. On parle de plus de 130 établissements hôteliers (en bonne partie des motels) et d’au moins une cinquantaine de terrains de camping, dont une douzaine dans la baie des Chaleurs. C’est sans compter les prêt-à-camper, les chalets répartis dans plus de 30 endroits et les gîtes.
Le mot d’ordre : réserver
Pour ne pas vous retrouver le bec dans l’eau et être déçu de vos vacances, il suffit de réserver. Et plus vous le faites tôt, plus vous avez de choix.
Il faut aussi savoir que pendant le gros de l’achalandage, entre la mi-juillet et la mi-août, de nombreux établissements affichent complet. C’était déjà ainsi avant l’été 2020. S’il est possible de décaler vos vacances, vous avez davantage de choix.
Partir à la dernière minute durant la grosse période des vacances en pensant qu’on va pouvoir s’organiser sur place n’est pas la meilleure option...