Lectures obligatoires ou consignes en anglais et omniprésence de conférences anglophones, la langue de Shakespeare a une place importante au sein de HEC Montréal, a constaté Le Journal.

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L’ancien premier ministre péquiste, Jacques Parizeau, aujourd’hui décédé. M. Parizeau a enseigné à HEC Montréal pendant 20 ans.
« Le français est, depuis toujours, au cœur de la mission de HEC Montréal », est-il écrit sur le site de la première école de gestion francophone au Canada. Un bâtisseur comme Jacques Parizeau y a enseigné pendant 20 ans, « formant une nouvelle génération d’économistes québécois francophones », comme l’avait souligné en 2015 Michel Patry, alors directeur de l’école.
Mais sur le terrain, la situation est vécue autrement par certains étudiants comme Carl (nom fictif) qui s’est inscrit au MBA en français.
« Je crois qu’ils ont oublié leur histoire », se désole-t-il au cours d’une entrevue au Journal.
Ce dernier avait choisi HEC pour étudier la finance et la gestion en français, mais rapidement, il a déchanté.

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« J’ai un anglais intermédiaire-avancé, comme on le demande. Mais je me sens défavorisé, car je dois constamment faire la traduction pour rédiger en français. Certains professeurs utilisent souvent des expressions anglophones. Si j’avais voulu étudier en anglais, je serais allé à McGill », s’est-il confié.
Beaucoup de lectures en anglais
De fait, Le Journal a consulté des listes de lectures obligatoires pour les étudiants, où l’anglais est omniprésent. Dans un cas précis, le professeur n’avait pas jugé bon de traduire le cas présenté aux étudiants dans le cadre d’un examen.

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« Selon mon évaluation, environ 60 % de nos lectures sont en anglais. Même chose pour les conférences. Je comprends que c’est la langue d’affaires, mais il y a des limites. Il y a même une professeure qui a donné ses consignes pour les travaux seulement en anglais, et elle a dit : pas grave, car c’est la même chose pour vos lectures et tout le monde comprend... Non, c’est grave ! » s’est-il désolé.
Pourtant, par courriel, HEC Montréal affirme que « les questionnaires d’examens et les consignes de travaux sont toujours dans la langue d’enseignement, soit le français ». Le matériel pédagogique peut toutefois être en anglais « sur des sujets spécifiques ».
La question sera débattue
Du côté de l’Association des étudiants MBA-HEC, on se dit étonné du malaise de certains universitaires.
« Ça n’a jamais été soulevé et plusieurs étudiants que j’ai consultés croient au contraire que l’anglais est un atout », a affirmé la présidente, Fatiha Ghazi.
Cette dernière affirme tout de même que la question sera débattue avec les étudiants et soutient qu’elle en parlera avec le directeur de programme, Kevin J. Johnson.