Je travaille à l’organisme Infologis. Dans les dernières années, j’ai travaillé comme un fou, comme mes collègues, à aider des locataires qui vivent individuellement des problèmes de logement (besoins de réparations, hausses de loyer abusives, évictions...).
J’en sors épuisé. Pire, je constate que cela n’a rien donné. Rien donné dans le sens où même si je me tue à l’ouvrage pour aider les personnes qui sollicitent notre aide, le nombre de demandes d’aide ne fait qu’augmenter sans cesse. À chaque fois que j’arrache un pissenlit, il y en a deux qui repoussent. On fait quoi rendu là? Il faut régler le problème à la racine.
Crise du logement
Dans les derniers mois, les drames vécus par les locataires ont fait les manchettes de manière quotidienne. En guise de réponse, Andrée Laforest, la ministre de l’Habitation, n’a fait que nier la crise du logement toute en s’embourbant dans des réponses qui ne démontrent rien de moins qu’une gênante incompétence et un évident manque de maîtrise de ses dossiers.
Finalement, un « plan » visant à éviter, comme à chaque année, que des personnes se retrouvent à la rue au 1er juillet a été annoncé. Mais les Québécois n’ont pas besoin d’un plan d’urgence, ils ont besoin d’interventions structurantes pour rééquilibrer le rapport de force propriétaire/locataire.
Devant les hausses de loyers aussi élevées que celle que nous avons constatées au bureau, et devant la fréquence des rénovictions, il est évident que les quelques articles du Code civil qui visent à protéger les locataires valent bien peu dans un marché immobilier qui s’enflamme à cette vitesse.
Manifestation
Les Québécois n’ont pas besoin de pseudo charité court-terme aux alentours du 1er juillet, ils ont besoin d’un contrôle des loyers. On ne parle pas d’idée saugrenue, l’Ontario a gelé les loyers l’an passé. Il est évident que le gouvernement du Québec a choisi son camp et ne mettra pas en place un contrôle des loyers par humanisme, mais bien seulement devant des pressions suffisamment fortes pour que les élus craignent de perdre des votes, malheureusement.
Je serai au Carré St-Louis pour la manifestation du 19 juin, avec des milliers – je l’espère – d’autres Québécois pour revendiquer un contrôle des loyers. Je serai entouré de locataires, mais aussi d’intervenants qui savent que l’enjeu du logement est central dans la lutte à la pauvreté, et côte à côte aussi avec des propriétaires conscients que la situation est rendue trop grave pour rester passifs.

Jean-Christophe Bureau, Services aux locataires - Infologis