Tous les sites des pensionnats autochtones, y compris au Québec, doivent être déclarés scènes de crimes et les coupables doivent être punis, plaident des leaders autochtones partout au pays.
• À lire aussi: Découverte de tombes en Saskatchewan: la communauté de Mashteuiatsh ébranlée
• À lire aussi: Les Canadiens «horrifiés et honteux», dit Trudeau
• À lire aussi: Plus de 750 tombes anonymes découvertes en Saskatchewan
L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) a écrit au procureur général du pays pour lui demander de porter des accusations relativement à la mort d’enfants dans les pensionnats.
Dans la foulée de la découverte de 751 sépultures anonymes, près du pensionnat de Marieval, en Saskatchewan, l’organisation demande à ce que tous les sites des anciens pensionnats soient sécurisés comme des scènes de crimes.
« Au Canada, nous vivons en société de droit. Le droit ne permet pas à ceux qui sont responsables de la mort d’enfants de s’en tirer impunément », a déclaré l’AFAC.
« Nous devons trouver les raisons des décès et les noms des enfants. Notre peuple a droit à plus que des excuses et de la sympathie – bien qu’on en soit reconnaissants. Notre peuple a droit à la justice », a aussi déclaré Bobby Cameron, de la Fédération des nations autochtones souveraines.
Meurtres
Du même avis, Daisy House, la cheffe de la communauté crie de Chisasibi, à la baie James, n’hésite pas à parler de « meurtres » quand on la questionne sur les deux pensionnats de Fort-George, au Québec, où étaient envoyés les enfants de sa communauté entre 1933 et 1981.
Le premier ministre Justin Trudeau a reconnu vendredi qu’il y a « certainement » eu des actes criminels dans les pensionnats autochtones.
« Les responsables doivent rendre des comptes », dit Mme House, dont la mère est une survivante de ces établissements.
Abandonné
L’île de Fort-George a été abandonnée et il n’y reste rien des pensionnats St-Philip’s et St-Joseph, indique Mme House, qui s’est engagée à sécuriser le site en attendant que les survivants soient consultés sur ce qu’ils souhaitent y entreprendre.
À ce jour, ni les religieux, ni le gouvernement fédéral, ni le gouvernement du Québec n’ont fourni toute la documentation qu’ils détiennent sur les deux pensionnats de Fort-George pour permettre de retrouver les enfants qui y ont disparu, indique le Centre national pour la vérité et la réconciliation.
Depuis cinq ans, les survivants de Fort-George se réunissent sur l’île chaque été à la fin du mois de juillet. Cette année, la cheffe House s’attend à ce que la rencontre soit particulièrement difficile, alors que le pays compte les morts de Kamloops et de Marieval auxquels d’autres pourraient s’ajouter.
Recherches au Québec ?
La cheffe House n’exclut pas de sonder le sol de Fort-George à l’aide d’un géoradar pour retrouver des corps, comme cela a été fait en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Mais elle ne veut pas brusquer les choses.
« C’est un processus douloureux, et tout le monde n’est pas prêt », souligne-t-elle, précisant que les survivants sont âgés et que les émotions des dernières semaines affectent profondément leur santé.