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La tordeuse des bourgeons de l'épinette en recul au Saguenay-Lac-Saint-Jean?

La prolifération de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, un insecte ravageur qui décime les forêts québécoises, semble être en recul au Saguenay-Lac-Saint-Jean pour une première fois en 14 ans.

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C’est à tout le moins ce qu’observent des producteurs de bois de la région.

Le président du Syndicat des producteurs de bois du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Pierre-Maurice Gagnon, a l'impression que la tordeuse est moins présente dans les forêts privées et observe plusieurs repousses.

«C'est vert pâle. C'est bon signe ça. Il s'en est refait au bout. Ça, c'est une bonne nouvelle. Moi-même sur le terrain, j'avais constaté moins de dommages. C'est une maudite bonne nouvelle», s’est-il enthousiasmé.

Celui qui est également président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPBQ), vit actuellement sa troisième épidémie de tordeuse. Il a connu celle dans les années 1950 et une autre qui a perduré pendant dix ans dans les décennies de 1970 et 1980.

Il n'est pas le seul à penser que les larves sont moins actives. «Ça fait quelques semaines que je l’ai observé, mais je ne le dis pas trop. J'ai vérifié avec mes "chums" ingénieurs au bureau. Ils ont dit "bien oui, la même affaire"», a affirmé M. Gagnon.

Pas trop vite

Toutefois, les experts refusent de se réjouir trop vite.

«On n'a toujours pas d'indication que les populations vont descendre», a tempéré Pierre Therrien, biologiste au ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs.

Une petite quantité d’échantillons prélevés dans la région indiquent un déclin des populations de larves, mais les données sont trop fragmentaires pour en tirer une conclusion hâtive.

«On a quand même quelques échantillons qui ont été pris au niveau larvaire. On a vu dans certains sites, une baisse des populations. Mais c'est difficile de déterminer à ce moment-ci si c'est généralisé à toute la région», a ajouté Pierre Therrien.

Le directeur général de la Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies (SOPFIM), Jean-Yves Arsenault, préfère aussi demeurer prudent.

«En 2015, sur la Côte-Nord, les niveaux de population avaient diminué énormément et on était quand même assez optimistes. Mais un an ou deux après, les populations sont devenues encore importantes», se souvient M. Arsenault.

Au Québec, 13 millions d'hectares de forêt ont été touchés par la tordeuse en 2020, un record.

«J'imagine que cette année, ça va être un petit peu plus grand que ça, mais oui, en 2020, c'était la superficie la plus grande qu'on avait vue», anticipe Pierre Therrien.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la forêt publique et privée, les superficies infestées avaient grimpé de 59 % l'an dernier pour s’établir à près de trois millions d’hectares. Environ 18% d'entre elles étaient vulnérables.

Épidémies cycliques

L’un des éléments pour combattre la bestiole, c’est la pulvérisation dans les zones infestées de l’insecticide BTK. Jusqu’à maintenant, 73 % des 745 000 hectares planifiés en 2021 ont été couverts dans la province. Cette année, 5 à 6 % des forêts infestées au Québec sont arrosées.

«L'objectif est de garder 50 % du feuillage. Quand cet objectif-là est atteint, les arbres vont demeurer en vie», a expliqué Jean-Yves Arsenault en précisant que le but est «de garder les peuplements en vie. Ce n'est pas de dire qu'on va éradiquer la tordeuse du bourgeon de l'épinette.»

Ces épidémies ont des cycles de 20 ou 25 ans. Après 14 années, est-ce qu'un déclin pourrait s'amorcer?

«Ça va prendre au moins deux ou trois ans de chute régulière pour qu'on puisse dire que l'épidémie commence à prendre fin», croit Pierre Therrien.

Pierre-Maurice Gagnon espère que l'ennemi commence à capituler.

«Ce qui est mort est mort. On n'a pas pu le récolter. Ce qui est affecté, elle ne le grugera pas. Le peuplement va être capable de résister. On est en train de gagner le combat. Mais dans la vie, il ne faut jamais lâcher même si tu perds des soldats. Je vous l'ai dit. J'ai perdu des arbres, mais on l'a quand même gagné», a affirmé ce producteur expérimenté.

En 2020, les arrosages d’insecticides ont été interrompus avec la pandémie. Les superficies prévues l'an dernier se retrouvent toutefois au calendrier de 2021.

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