Alors que la pandémie de COVID-19 semble avoir entamé une recrudescence de cas dans plusieurs pays, notamment en raison du variant Delta, et que les campagnes de vaccination suscitent certaines interrogations, la pharmacienne Diane Lamarre répond aux différentes préoccupations de la population.
Doit-on craindre une remontée des cas avec le variant Delta?
«L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) nous met en garde parce qu’à travers le monde [on ne contrôle pas la situation]. On l’a vu en Europe, on le voit en Asie et en Australie. Il y a vraiment une diminution du contrôle et l’OMS nous dit que le virus a le dessus», explique-t-elle.
Mme Lamarre cite en exemple les Pays-Bas où en l’espace de 7 jours, le nombre de cas dus au variant Delta a décuplé. Selon l’OMS, 24 pays dans le monde sont dans une posture similaire.
«Ça nous amène à dire qu’il faut être très vigilant. Au Québec, on a le privilège d’avoir accès à des vaccins et la population adhère à la vaccination. Mais il y a un risque quand même parce que ces nouveaux variants, on ne connaît pas encore bien leur façon de réagir au vaccin», résume Diane Lamarre.
Est-ce qu’on connaît le nombre de cas liés au variant Delta au Québec?
«Il y en a 183 qui ont été identifiés par séquençage. Maintenant, le séquençage, ça dépend beaucoup de l’INSPQ et c’est un séquençage qui arrive de manière trop peu régulière. Donc il y a des délais très longs», indique Mme Lamarre.
Ce faisant, la santé publique du Québec n’a pas qu’un portrait partiel des résultats sur son territoire, déplore la pharmacienne, qui aimerait voir une plus grande intensité dans le séquençage étant donné le risque que représente le variant Delta.
Quelle couverture vaccinale pour contrer le variant?
«Une dose du vaccin, peu importe lequel, donne 33% de protection contre le variant. Une deuxième dose l’augmente à 88%. C’est vraiment déterminant», note Diane Lamarre, faisant référence à des études rigoureuses qui se sont penchées sur la question.
Doit-on, comme la France, obliger le personnel de la santé à se faire vacciner?
«La France a une plus grande résistance à la vaccination. Je pense qu’on est plus dans une approche d’éducation, de sensibilisation. Et je crois qu’on doit aller dans tous les secteurs où les travailleurs de la santé sont proches des gens. Je pense qu’avec le taux d’adhésion qu’on a, qu’il faut travailler sur la persuasion», mentionne Mme Lamarre.
Le recours au passeport vaccinal pourrait aussi convaincre certaines personnes jusqu’ici réfractaires à se faire inoculer, croit-elle.
La troisième dose sera-t-elle nécessaire?
«C’est certain qu’on a une possibilité d’avoir besoin d’une troisième dose, éventuellement. Probablement qu’au Québec ce sera plus en 2022 parce que l’Europe a à peu près deux ou trois mois d’avance sur nous pour ce qui est de l’évolution de la pandémie. (...) Entre temps, on a des garanties d’efficacité avec nos deux doses. L’urgence c’est vraiment d’aller chercher notre deuxième dose», conclut Diane Lamarre.