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La première commandante de bord inuite va voler encore plus haut

Première Inuite au Canada à devenir commandante de bord, en 2016, Melissa Haney doit effectuer mercredi son premier vol aux commandes d’un Boeing 737. La dame de 39 ans  a fait ses débuts en tant que pilote en 2004. Elle était alors pilote de brousse.

Photo Chantal Poirier

Première Inuite au Canada à devenir commandante de bord, en 2016, Melissa Haney doit effectuer mercredi son premier vol aux commandes d’un Boeing 737. La dame de 39 ans a fait ses débuts en tant que pilote en 2004. Elle était alors pilote de brousse.

Il n’y a pas si longtemps, Melissa Haney était l’une des rares pilotes d’avion inuites au Canada. Mais voilà, elles seront bientôt six, seulement chez Air Inuit !

« Nous sommes trois actuellement, il y en a une qui est en formation, actuellement, et deux autres qui commencent en septembre », se réjouit Mme Haney, 39 ans, en entrevue au Journal dans les bureaux de la compagnie aérienne inuite, situés en bordure de l’aéroport Montréal-Trudeau.

Que de chemin parcouru depuis ses débuts comme pilote, en 2004, et sa promotion comme commandante de bord, en 2016 ! Elle est alors devenue la toute première Inuite à occuper ce poste suprême dans l’aviation.

Un certain 11 septembre...

Après avoir passé ses premières années de vie au Nunavik, Melissa Haney a déménagé dans les Cantons-de-l’Est à l’âge de huit ans avec sa mère. Elle a étudié au collège John Abbott et à l’université Concordia, mais elle ne savait pas ce qu’elle voulait faire dans la vie.

Une travailleuse sociale lui a alors mentionné qu’Air Inuit cherchait des agents de bord. Son premier vol a eu lieu... le 11 septembre 2001 !

Un défi constant

Quand elle en avait l’occasion, Mme Haney s’assoyait sur le strapontin du cockpit avec les pilotes. 

« J’étais impressionnée par ce qu’ils faisaient », confie-t-elle. Rapidement, elle a voulu monter en grade.

« Un commandant m’avait demandé pourquoi je voulais être pilote et j’avais répondu “si tu es dans un avion toute la journée, t’es mieux en avant qu’en arrière” », relate-t-elle.

Les pilotes d’Air Inuit sont souvent confrontés à des conditions difficiles, le Nunavik connaissant des températures hivernales sept mois par année.

« Il y a des pilotes qui aiment faire Montréal-Toronto, mais les pilotes qui travaillent ici, ils cherchent le challenge», note Melissa Haney.

« Je connais mes limites et je n’ai pas peur de dire “non, je ne vais pas là”, et la compagnie nous respecte, dit-elle. C’est mieux de reporter un vol que d’avoir un accident.»

Pour les Inuits, un vol qui ne décolle pas, ce n’est pas un drame. 

« Nos passagers, ce sont les meilleurs du monde, lance Mme Haney. Ils vont dire : “on n’a pas d’avion aujourd’hui ; OK, on va le prendre demain”. La météo, c’est notre boss à nous, les Inuits. En fait, la météo était déjà notre boss avant l’arrivée de l’aviation, des aéroports et des villages. »

Commentaires racistes

À l’occasion, malheureusement, des passagers font des commentaires racistes contre les Inuits. « Ça me fâche », affirme Melissa Haney, en précisant que, généralement, les fautifs changent de ton lorsqu’ils voient le professionnalisme des employés d’Air Inuit.

Mme Haney caressait le rêve d’effectuer bientôt un premier vol aux côtés d’une autre femme pilote, mais elle devra patienter. 

C’est toutefois pour une bonne raison : elle s’apprête à changer d’appareil. Elle troquera l’avion à hélices Dash 8 pour un jet Boeing 737. Son premier vol est prévu mercredi.

« Je recommence sur un avion que je ne connais pas. Tu mets ton ego de côté, mais c’est correct », philosophe-t-elle.