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Le grand patron du BEI poursuivi par trois victimes d’un prédateur

Le directeur du Bureau des enquêtes indépendantes, M<sup>e</sup> Pierre Goulet, lors d’une entrevue avec <em>Le Journal</em> l’été dernier. Il est poursuivi au civil par trois victimes qui l’accusent d’avoir rejeté leurs plaintes à l’époque où il était procureur de la Couronne.

Photo d'archives, Chantal Poirier

Le directeur du Bureau des enquêtes indépendantes, Me Pierre Goulet, lors d’une entrevue avec Le Journal l’été dernier. Il est poursuivi au civil par trois victimes qui l’accusent d’avoir rejeté leurs plaintes à l’époque où il était procureur de la Couronne.

Le grand patron du Bureau des enquêtes indépendantes est poursuivi pour 2,25 millions $ par trois victimes d’un prédateur sexuel qui l’accusent d’avoir rejeté leurs plaintes alors qu’il était à la Couronne, malgré les recommandations de la police.

« Me Pierre Goulet a gravement manqué à son devoir de poursuivre les infractions criminelles et de protéger le public, car par sa faute [deux adolescents] ont été victimes d’André Pépin », affirment les plaignants dans une nouvelle version d’une poursuite civile, déposée cette semaine au palais de justice de Montréal.

Il s’agit d’un amendement à une procédure entamée contre l’État en 2019, mais les plaignants ignoraient alors qui était le procureur qui avait analysé leur dossier. 

Maintenant qu’ils l’ont découvert, ils lui réclament 450 000 $ personnellement ; le reste du montant serait réparti entre Me Goulet et l’État.

Cette triste affaire remonte aux années 1990, alors que Me Goulet était procureur à la Couronne. 

Dangereux prédateur

À cette époque, le prédateur sexuel André Pépin sévissait dans la région de Sorel-Tracy, toujours avec le même modus operandi.

Après avoir ciblé des adolescents vulnérables, il les droguait à leur insu avant de les violer sauvagement.

Or, malgré les enquêtes policières, Me Goulet aurait refusé de procéder « sans donner d’explication » dans deux cas, puis pour « absence de crime » la troisième fois, selon la poursuite intentée par le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats.

Il a finalement fallu attendre 2013 pour que les enquêtes soient rouvertes, quand une autre victime s’est manifestée. 

« Le policier [de la Sûreté du Québec] se souvient alors de plusieurs plaintes [...] et présente à une autre procureure le résultat de ses recherches », indique le document de cour en ajoutant que rien n’avait été ajouté.

Coupable de 25 chefs

Cela a mené au dépôt de 39 chefs d’accusation pour un total de huit victimes. C’était la fin pour Pépin, qui a été déclaré coupable de 25 chefs, dont ceux concernant les trois plaignants. 

Mais même si Pépin a écopé de 13 ans de pénitencier, les trois plaignants soutiennent que Me Goulet devrait être tenu responsable de la souffrance qu’ils ont vécue pendant des années, en raison de sa « mauvaise foi, au mépris des enquêtes de police qui recommandaient pourtant d’intenter des poursuites ». 

Et qu’il était temps que Me Goulet, maintenant grand patron de l’organisme chargé d’enquêter sur les policiers, soit tenu responsable en cour civile.

Par respect pour le processus judiciaire, Me Goulet n’a pas souhaité commenter l’affaire.

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