Ne pas vouloir faire de peine à sa mère. Trouver que le vaccin a été produit trop vite. Voilà le genre de craintes auxquelles répond une brigade qui met le paquet ces jours-ci pour amener les jeunes à se faire vacciner. Compte-rendu du Journal qui a suivi la brigade lors de son passage à l’école Pierre-Dupuy, vendredi.
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Déjouer la paresse

Photo Chantal Poirier
La brigade entre dans une classe de 2e secondaire avec Hugo Lecompte-Poitras, infirmier scolaire. Les élèves le connaissent, il est en quelque sorte le « monsieur vaccin » de l’école.
Ils vont chercher les jeunes qui le veulent pour se faire vacciner sur-le-champ dans le gymnase, pour leur première ou deuxième dose. Quatre mains se lèvent. Comme ces jeunes ont moins de 14 ans, il leur faut le consentement d’un parent. Deux n’ont pas le formulaire signé.
Dans le gymnase, M. Lecompte appelle donc les parents au téléphone. Une deuxième infirmière valide afin de bien s’assurer de leur consentement verbal.
Le but : éviter que la prise de rendez-vous repose entièrement sur les parents, ce qui risquerait de remettre la vaccination à plus tard et peut-être à jamais, explique Anne Landry, coordonnatrice de la brigade.
Pour ne pas peiner des parents réfractaires

Photo Chantal Poirier
« Mes parents m’ont dit que... » Cette phrase, Anne Landry (à gauche sur la photo) l’a entendue à répétition.
Même lorsqu’ils ont plus de 14 ans et peuvent décider seuls, bon nombre de jeunes hésitent à se faire vacciner si leurs parents ne sont pas d’accord.
« J’ai même eu une élève de 17 ans qui m’a dit : “ma mère ne veut pas et je ne veux pas faire de peine à ma mère”. »
Ces jeunes se retrouvent donc à devoir cacher le fait qu’ils ont reçu une ou deux doses pour ne pas défier l’autorité parentale. Ce genre de situation n’est toutefois pas nouveau. Bien des adolescents vont par exemple taire à leurs parents le fait qu’ils se procurent de la contraception, illustre la Dre Carol Bottger.
À quoi bon ?

Photo Chantal Poirier
« Pourquoi prendre le vaccin si on peut quand même attraper la COVID ? », demande une élève dans le corridor en voyant la pancarte de la Dre Fabiola Chatu. La médecin lui explique que le vaccin permet d’éviter les complications et le fait de se retrouver en manque d’oxygène à l’hôpital, en plus de réduire la charge virale et les risques de transmettre le virus à ses proches.
« C’est la première question qu’on a, tous les jours », explique Fabiola Chatu.
La présence d’un kiosque comme le sien est importante, car c’est là que les jeunes peuvent poser les questions qui les gênent davantage en classe.
Calmer l’angoisse

Photo Chantal Poirier
Pour certains, la peur de se faire vacciner est bien réelle. Une élève est venue chercher l’éducatrice spécialisée Julie Chapdelaine dans son bureau juste avant de descendre au gymnase. Mme Chapdelaine restera à côté de l’adolescente, lui tenant l’épaule pour la rassurer, au moment de la piqûre, et après. « Sans cela, elle ne serait pas venue. »
Pas le choix pour les stages
L’école Pierre-Dupuy partage son bâtiment avec l’École des métiers des Faubourgs. Une partie des étudiants suivent une formation en santé, notamment pour devenir infirmiers ou infirmiers auxiliaires. Ils n’auront pas le choix d’être vaccinés s’ils veulent pouvoir compléter leurs stages.
« Il y a des gens qui se sont désistés [c’est-à-dire lâcher le programme] en raison de la vaccination obligatoire, mais pas beaucoup », note la directrice adjointe Francine Pelletier. Pour la plupart, l’obligation est le facteur qui les a poussés à se dire « okay, je vais aller chercher mes doses », explique-t-elle.
Effet d’entraînement
Bruno Charreyron, le directeur de Pierre-Dupuy, se montre satisfait de la réponse des élèves ce jour-là. « Souvent, il y a un effet d’entraînement », remarque-t-il. Quand les jeunes voient leurs amis se décider à se faire vacciner, ils se disent « moi aussi d’abord. »
Mais le plus puissant des arguments auprès des adolescents reste celui des activités parascolaires qu’ils ne pourront pas pratiquer sans passeport vaccinal, note Anne Landry.