Cette semaine à l’Assemblée nationale, la CAQ a rejeté la motion du Parti québécois qui demandait que le gouvernement s’engage à soumettre le projet de Ray-Mont Logistiques à une évaluation environnementale du BAPE. S’il se réalisait, ce projet de gare intermodale amènerait un flux de 1000 camions et 100 wagons de train par jour, et 10 000 conteneurs en permanence à 120 mètres d’un CHSLD et de nombreuses résidences de l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Ce milieu densément peuplé de l’Est de la métropole, qui souffre déjà de la pollution découlant des activités industrielles environnantes, serait donc affligé par davantage d’îlots de chaleur, davantage de vibrations et de nuisances sonores, et par une dégradation de la qualité de l’air.
Cet enjeu mérite qu’on s’y intéresse très sérieusement. Sur une base locale, il est inconcevable que l’on impose aux résidents d’Hochelaga-Maisonneuve encore plus de bruit et de pollution, alors que plusieurs endroits dans le quartier endurent déjà des niveaux de pollution au-dessus des normes en vigueur.
La façon de faire de la CAQ
Mais ce projet est également symptomatique de ce qui se passe à l’échelle nationale : la continuité par la CAQ du modèle de développement économique qui était prôné par les libéraux de Jean Charest et de Philippe Couillard. Le modus operandi suivi par le gouvernement du Québec dans ce dossier est en effet identique à la manière de procéder dans les dossiers du gaz de schiste, des pipelines TransCanada, ou plus récemment dans le dossier GNL Québec.
Tout d’abord, on tente de garder le projet sous le radar et de procéder sans qu’il y ait une évaluation environnementale du BAPE pour la population locale. On contourne également les débats à l’Assemblée nationale et tous les autres mécanismes de protection de la population. Ensuite, une firme de relations publiques supervise des « consultations » avec la population, dans le cadre desquelles on tente de la convaincre qu’il s’agit d’un excellent projet pour elle, alors que les citoyens n’ont tout simplement pas l’information exacte et transparente quant aux répercussions négatives sur l’environnement et leur quartier.
Environnement et économie
En cette grande journée de mobilisation pour le climat, nous devons demander haut et fort que l’on se débarrasse pour de bon de cet ancien modèle économique libéral et aujourd’hui caquiste, qui consiste à tendre l’oreille à des industriels dont les projets ne cadrent absolument pas ni avec la lutte contre les changements climatiques ni avec le principe de respect de la population locale, pour ensuite tenter de nous passer dans la gorge ces projets, notamment en contournant les processus d’évaluation prévus dans la loi.
Il n’est pas normal que depuis des décennies, au Québec, notre peuple ait régulièrement à se défendre contre son propre gouvernement qui tente de le contraindre à accepter des projets insensés et irresponsables.
D’autres projets sont possibles sur ce terrain. Ce n’est pas à un seul investisseur privé à dicter au gouvernement et à la population ce qui l’avantage lui seul, au détriment de l’intérêt public. Le silence de la CAQ dans ce dossier dénote que celle-ci n’a que des paroles à offrir en matière environnementale et qu’elle n’a pas l’intention de s’attaquer avec sérieux à la lutte contre les changements climatiques.
Contrairement à ce qu’affirme François Legault, on n’a pas à prioriser la création d’emplois par rapport à l’environnement. Opposer environnement et économie est une affaire du siècle dernier, comme le démontre notamment le plan de 1200 milliards initié par Joe Biden aux États-Unis pour assurer un virage vers la nouvelle économie verte.
À nous de jouer!
Le Parti québécois s’engage donc à ne pas lâcher le morceau tant qu’un BAPE ne sera pas déclenché dans le dossier de Ray-Mont Logistiques. Il s’engage également à proposer un autre modèle de prospérité économique dans le cadre duquel notre virage vers la nouvelle économie verte et juste sera le moteur de notre développement. C’est possible, ça prend juste un peu de courage et de rigueur. Comme le disait Jacques Parizeau, le sens de l’engagement, en politique, c’est de « protéger son monde ». À nous de jouer.

Photo d'archives, Agence QMI
Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Photo d'archives
Joël Arseneau, chef parlementaire du Parti québécois