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Révélations sur Facebook: le profit plutôt que la sécurité

Frances Haugen, une ancienne haute dirigeante de Facebook qui a déjà collaboré avec les autorités et les médias, est sortie publiquement sur son ancien employeur à la populaire émission américaine d’actualités 60 Minutes. 

Elle a raconté à quel point Facebook plaçait ses intérêts financiers devant l’intérêt public et considère que l'entreprise est responsable de la détérioration du climat social. Mme Haugen va comparaitre mardi devant le Congrès américain. 

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«Ça vient dans la foulée d’une série d’enquêtes très dommageables du Wall Street Journal sur les problèmes entraînés par la domination de Facebook dans la vie sociale des gens, on parle quand même de 60% de la planète qui est connectée avec un compte Facebook», explique Patrick White, professeur de journalisme à l'École des médias de l'UQAM.  

Le professeur souligne que Facebook comporte aussi Instagram, WhatsApp et Facebook Messenger, donc l'impact est important. 

«Ce qu’elle a aussi laissé entendre, c’est que Facebook ment à ses actionnaires et au public partout sur la planète», rajoute M. White. 

«On parle d’une compagnie privée qui est cotée en bourse qui fait des profits incroyables», rappelle le professeur. 

Amplification des messages extrêmes   

Les algorithmes de Facebook permettent d'amplifier les messages extrêmes, selon M. White. 

Puisque l'algorithme valorise ce qu’on a aimé et partagé, ça peut aussi donner lieu à des conversations colorées sur des sujets polarisants comme le troisième lien à Québec. 

«Cette polarisation-là de la société a des impacts, particulièrement dans le cas d’Instagram, selon le Wall Street Journal, sur les pensées suicidaires des jeunes adolescentes, sur les troubles alimentaires...», dit-il. 

Ça peut aller très loin, et c'est la raison pour laquelle Facebook recule en ne lançant pas un Instagram pour les enfants, selon lui.

M. White souligne qu'un autre faux-pas de Facebook, c'est d'avoir dénaturé le département de l’intégrité civile où on essayait de contrôler la désinformation.

Des corrections nécessaires  

En revanche, Facebook a fait beaucoup de choses pour tenter de corriger la situation de la désinformation dans les dernières années, note le professeur.

Des centaines de milliers de modérateurs ont été embauchés et des ententes de vérifications ont été faites avec plusieurs agences de presse à travers le monde. 

La plateforme a ainsi aboli 15 milliards de faux comptes dans les deux dernières années. 

«On voit que Facebook a tenté d’agir, mais en fait la modération des contenus haineux, elle réussit seulement à en encadrer seulement 5%. Et pour les contenus qui incitent à la violence, c’est 0,5%», se désole le professeur. «On s’enligne vers un possible démantèlement de Facebook dans les prochaines années.»

M. White explique qu'il n’y a aucune règlementation dans les médias sociaux en ce moment sur la propagation des contenus haineux, et qu'il une importante réflexion est entamée aux États-Unis, en Europe et en Australie sur le sujet.  

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