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«Les recommandations de la coroner sont très importantes pour éviter qu'un tel décès ne se reproduise»

La famille de Joyce Echaquan réagit au rapport de la coroner mardi après-midi à Bécancour. La famille remercie la coroner, Géhane Kamel, pour son travail. 

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«Les recommandations de la coroner sont très importantes pour éviter qu'un tel décès ne se reproduise», explique Me Patrick-Martin Ménard, avocat de la famille. «On trouve inacceptables les propos teintés de racisme et de préjugés.»

Des soins inadéquats       

«Aucune manoeuvre de réanimation n'a été tentée. C'est ce manque de surveillance qui est au coeur de ce dossier. ll y aurait dû avoir une surveillance étroite, et il n'y en avait pas», déplore Me Ménard.

Il rajoute qu'il y a eu de la négligence à plusieurs niveaux, et que c'est inacceptable. 

«La famille est extrêmement déçue de l'enquête qui a été menée par l'Ordre des infirmières et infirmiers», dit Me Ménard. «La famille garde l'impression que cette démarche de l'Ordre était plus une opération de relations publiques. L'Ordre doit faire un travail plus approfondi pour aller au fonds des choses.»

«On porte seulement attention à ce qu'il s'est passé dans la vidéo, on ne porte pas attention à ce qu'il s'est passé avant ou après», dit-il. 

Me Ménard déplore qu'on n'ait pas porté attention au fait que Mme Echaquan n'ait pas reçu la surveillance ou les soins nécessaires. «Des membres du personnel riaient, et semblaient ne pas s'en faire pour Mme Echaquan.»        

Insatisfaite de la première enquête de l’Ordre des infirmières, la famille fera une nouvelle plainte auprès de l’organisation. «C'est clair qu'il y a d'importants manquements au niveau des soins infirmiers», dit Me Ménard. 

Elle prêtera aussi plainte formellement aux deux personnes au Collège des médecins, rajoute Me Ménard. 

«On a un exemple parfait de racisme systémique», dit Me Ménard. 

La réaction du conjoint de Joyce Echaquan             

«Nous tenons à saluer le rapport de Me Kamel qui nous semble juste», ajoute Carol Dubé, le conjoint de Joyce Echaquan. 

«Les droits de ma femme, la mère de mes enfants, bafoués par les préjugés encore présents, c'est très difficile. Aujourd'hui au moins, on voit qu'on n'est pas les seuls», dit-il. 

«Notre guérison passera par la vérité. Évidemment, nous n'avons pas encore toutes les réponses, mais au moins, aujourd'hui nous avançons dans cette direction. Notre guérison passera aussi par l'espoir que d'autres familles comme la nôtre n'auront pas à vivre ce qu'on a vécu. Notre guérison passera par la justice pour Joyce. Joyce est morte parce qu'elle était une autochtone. Une femme avec sept merveilleux enfants, ce qu'elle avait de plus beau a été utilisé contre elle dans un système qui permet encore que ce genre d'événements surviennent.»

Discours de Constant Awashish               

«À titre de leader autochtone, je pense qu'on a encore beaucoup de travail à faire pour la guérison», explique Constant Awashish, Grand Chef de la Nation Atikamekw.

«Je pense que le mot systémique est important pour décrire les choses telles quelles sont. C'est une bonne chose que la coroner soit arrivée avec le constat que le racisme systémique existe bel et bien. Ce qu'on a vu à l'hôpital de Joliette, c'est vraiment le résultat du racisme systémique», ajoute M. Awashish. 

«Nous sommes dans une situation précaire, nous les autochtones. Nous sommes placés dans les réserves, nous n'avons pas notre mot à dire sur le territoire. Ça fait en sorte que les autochtones soient devenus victimes même si ce n'est pas ça qu'on veut. Je vais continuer à expliquer la situation du racisme systémique, et pour moi le ministre se trompe à ce sujet», précise-t-il.

M. Awashish se désole que le premier ministre s'entête sur la définition du racisme systémique. 

«M. Legault doit arrêter de polariser la question et de continuer à nous prendre pour des gens qui ne sont pas des alliés. C'est une difficulté pour moi actuellement», ajoute-t-il. 

«Il y a encore beaucoup de travail à faire et pour le faire, j'ai besoin du support de tout un chacun.»

Selon M. Awashish, la méfiance envers les premières nations vient d'un manque de connaissances. 

«Il arrive des moments où la colère s'empare de moi, mais je me souviens toujours de Carol, de son attitude, de sa façon de voir les choses», ajoute-t-il. «Je pense que c'est mieux de travailler de façon positive et de rebâtir les ponts.»

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