Le chauffard accusé d’avoir décimé une famille complète sur l’autoroute Dufferin-Montmorency s’est vu refuser sa liberté, jeudi, notamment en raison du degré d’insouciance montré à l’égard d’autrui et qualifié «d’extrême» par le Tribunal.
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La semaine dernière, le juge Alain Morand de la Cour du Québec a entendu la preuve dans le cadre de l’enquête sur remise en liberté d’Éric Légaré, 43 ans, qui fait face à dix-neuf chefs d’accusation, dont douze concernant la conduite avec les facultés affaiblies causant la mort.
Pour s’objecter à la remise en liberté de l’accusé pendant les procédures, le poursuivant Me Pierre-Alexandre Bernard, se basait sur deux motifs soit la protection du public et la confiance de celui-ci envers l’administration de la justice.
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Si, pour le juge, la protection du public aurait pu être assurée avec «un plan de sortie sécuritaire», il en allait autrement de la confiance de ce même public envers l’appareil judiciaire.
Confiance du public
«Les accusations paraissent non seulement fondées, mais la preuve est accablante. Les infractions sont parmi les plus graves au Code criminel et les circonstances entourant la perpétration du crime comportent plusieurs facteurs aggravants», a souligné le magistrat pendant que, dans la salle, les parents de l’accusé tentaient de contenir leur peine.
Parmi ceux-ci, la responsabilité pénale du prévenu est «entière» a noté le juge. « Aucun élément externe n’a contribué à la collision», a-t-il d’ailleurs souligné.
Autres facteurs aggravants: le décès de quatre personnes, les blessures infligées à deux autres victimes, le taux d’alcoolémie du prévenu évalué, au moment de l’impact, à 209mg d’alcool par 100 ml de sang et le degré d’insouciance «extrême» montré à l’égard de la sécurité d’autrui.
Soulagement
Une fois la décision rendue, Légaré a repris le chemin des cellules et les membres de la famille des victimes, sans crier victoire, se sont dits «soulagés» par cette décision.
«Le juge a voulu défendre l’image de la justice et cette décision, aujourd’hui, lui rend honneur», a souligné Jean-Dominic Lemieux qui, dans le terrible accident, a perdu sa conjointe Shelly, sa fille Emma, son beau-fils Jackson et son beau-père James.
«On veut que justice soit rendue, mais aussi, que la population soit conscientisée. Ce n’est pas normal, en 2021, qu’on n’ait pas fait plus de chemin que ça», a dit Daniel Fortin, le papa de Jackson, qui entend s’impliquer dans ce combat contre l’alcool au volant.
«Mon client vient de se faire dire de façon assez crue ce que le juge, qui est un très bon juriste, a pensé des images et de la preuve alors, pour la suite des choses, ce sera à évaluer», a pour sa part commenté Me Vincent Montminy en rappelant qu’il s’agissait d’un dossier «très sensible» où «la réserve était toujours de mise».
Éric Légaré sera ramené devant le tribunal à la fin du mois de novembre.