Les trois principaux candidats à la mairie de Montréal ont multiplié les attaques et les échanges musclés, souvent cacophoniques, lors de leur premier débat télévisé diffusé jeudi soir à LCN.
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Les électeurs montréalais appelés aux urnes les 6 et 7 novembre prochain ne peuvent pas dire qu’ils se sont ennuyés en regardant les prétendants à la mairie débattre des principaux enjeux touchant la métropole au Face-à-Face Montréal 2021.
Valérie Plante, Denis Coderre et Balarama Holness se sont d’abord lancé quelques attaques directes sur les enjeux de la mobilité et du climat.
Mais c’est environ à mi-chemin du débat qui a duré une heure et quinze minutes que les échanges se sont corsés, au moment où les candidats ont été appelés à exprimer leurs positions sur le logement et la sécurité.
La cacophonie a souvent pris le dessus, forçant le modérateur, Pierre Bruneau, à intervenir à plusieurs reprises.
« Vous êtes moins disciplinés que les chefs provinciaux et fédéraux » a réprimandé l’animateur.
Duels Plante et Coderre
La mairesse sortante, Valérie Plante de Projet Montréal, et l’ex-maire Denis Coderre, d’Ensemble Montréal, ont réservé des duels enlevants sur leurs positions.
Sur le thème de l’habitation, M. Coderre a attaqué le règlement 20-20-20, principe phare de Mme Plante, qui prévoit que tous les projets immobiliers d’envergure comprennent dorénavant 20 % de logements abordables, 20 % de logements sociaux et 20 % de logements familiaux.
Le chef d’Ensemble Montréal a sous-entendu que celui-ci faisait fuir les promoteurs immobiliers, car ils se « plaignent que la Ville n’est pas disponible ».
« On travaille avec les promoteurs, s’est défendue Mme Plante. On ne donne pas les clés de la Ville aux promoteurs. »
En pleine flambée de fusillades, la question de la sécurité a également soulevé les passions alors que les deux candidats se sont mutuellement accusés de souhaiter une réduction du financement du Service de police de la Ville de Montréal.
« Les gens ont peur de sortir le soir », a avancé M. Coderre, qui fait de la sécurité son cheval de bataille depuis le début de la campagne.
« À ce jour, il n’y a toujours pas de plan que vous avez mis sur la table [en matière de sécurité] », a rétorqué Mme Plante.
Une première pour Holness
Balarama Holness, le chef du nouveau parti Mouvement Montréal, a eu l’occasion de faire connaître son parti.
Le candidat a récemment fait parler de lui pour sa position controversée sur le caractère francophone de Montréal, dont le statut devrait plutôt être bilingue selon lui.
À plusieurs reprises, il a toutefois été attaqué sur sa connaissance des dossiers par les candidats Plante et Coderre.
Dès l’ouverture du débat, il a promis qu’il « enlèverait les cônes orange », mais n’a pas offert de réponse claire lorsqu’on lui a demandé ce qu’il ferait concrètement en matière de gestion des chantiers de construction.
Rigueur svp
« Un peu de rigueur SVP ! », lui a plus tard lancé Mme Plante, pour affirmer que construire une usine de recyclage « ne prenait pas deux ans », comme l’avait sous-entendu M. Holness.
M. Holness a toutefois lancé quelques attaques efficaces sur les enjeux de logement, entre autres envers Mme Plante sur une « porte de sortie » qui permet aux promoteurs de payer un montant à la Ville au lieu de construire des logements sociaux.
À la toute fin du débat, Coderre et Plante y sont allés d’un tir groupé contre la proposition de Holness de faire de Montréal une ville bilingue.
Le chef de Mouvement Montréal s’est fait accuser de vouloir diviser les citoyens.
– Avec Félix Lacerte-Gauthier, Agence QMI
« Les Montréalais ne peuvent pas se faire avoir une deuxième fois. Vous [Plante] avez parlé de la ligne rose. On sait tous que c’est une hyperbole. Ça n’arrivera pas. »
– Balarama Holness, chef de Mouvement Montréal
« Quand vous [Plante] riez, vous êtes nerveuse. Arrêtez de rire, c’est trop important l’habitation. [...] Votre problème, c’est que vous Pouvez parler de flips, mais on a à faire face à des flops. »
– Denis Coderre, chef d’Ensemble Montréal
« Quand c’était à votre époque [Coderre], pour vous, une piste cyclable c’était essentiellement de la peinture au sol. [...] Une piste cyclable, ça doit être sécuritaire. Quand c’est séparé de la voie, les automobilistes peuvent mieux voir ce qui se passe. »
– Valérie Plante, cheffe de Projet Montréal