Un commerce de Joliette a dû s’excuser vendredi après avoir diffusé une photo d’une mise en scène d’employés déguisés en cowboys prenant en otage un Autochtone.
« C’est bien de s’excuser, mais il faudrait qu’ils comprennent que ce n’est pas des choses à faire avec ce qui se passe maintenant. Je ne comprends pas pourquoi ils ont pu faire cela », lance Alland Flamand, un Attikamek de la communauté de Manawan, près de Joliette.
Vendredi en avant-midi, le concessionnaire de motos et de véhicules tout-terrain Grégoire Sport a cru bon de publier une photo montrant quatre de ses employés costumés en cowboys et en « Pocahontas » sur ses réseaux sociaux.
Le commerce est situé à moins de 10 kilomètres du centre hospitalier de Lanaudière à Joliette, là même où Joyce Echaquan, 37 ans, de la communauté de Manawan, est décédée sous les injures racistes de membres du personnel soignant, le 28 septembre 2020.
Le rapport d’enquête de la coroner Géhane Kamel sur la mort de la femme attikamek, publié le 1er octobre dernier, a conclu que « le racisme et les préjugés auxquels Mme Echaquan a fait face ont certainement été contributifs à son décès ».
Une mauvaise « blague »
« C’est une blague qui a tourné au cauchemar », signale au Journal la propriétaire du magasin, Marie-Josée Grégoire.
« On ne pensait pas fâcher la communauté, dit-elle. Un employé est arrivé avec un costume de Pocahontas, et ça a tourné au vinaigre. Ce n’était pas mal intentionné. »
La photo a été retirée peu de temps après sa publication, après que le magasin eut reçu une déferlante de messages pointant son caractère haineux.
« Avec le recul, nous comprenons très bien que cette photo ait pu offenser la communauté des Premières Nations et nous en sommes sincèrement désolés », a écrit Grégoire Sport sur sa page Facebook vendredi, en fin de journée.
Fréquenté par la communauté
Nelson Flamand, de Manawan, s’est dit « soulagé » par les excuses publiques présentées par Grégoire Sport.
Surtout que l’endroit est fréquenté par plusieurs personnes de la communauté, qui y achètent des motos ou des VTT, souligne-t-il.
Mais pour Alland Flamand, elles ont un goût amer.
« C’est déplorable de voir ceci venant de ce magasin. Ça nous prouve que c’est un long processus encore. Il y a beaucoup de travail à faire [pour la réconciliation] », prévient-il.
