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Projet de loi 11: était-ce vraiment nécessaire?

Les médecins de famille sont dubitatifs par rapport au contenu du projet de loi 11 présenté par le ministre Dubé. De toute évidence, nous pouvions nous attaquer, depuis déjà plusieurs semaines, aux objectifs énoncés par le gouvernement, sans qu’il y ait nécessité d’un projet de loi.

Cela dit, tout en étant déçus que le gouvernement ait décidé d’emprunter la voie législative, nous en prenons acte et étudierons minutieusement toute la portée du projet de loi. Si nous apprécions le ton posé du ministre Dubé et son appel à la collaboration, la collaboration ayant toujours été le leitmotiv des médecins de famille et de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), il n’en demeure pas moins qu’à la base, le projet de loi 11 vient essentiellement modifier une loi honnie et discriminatoire, la loi 20 parrainée jadis par Gaétan Barrette.

Cet élément à lui seul rappelle tellement de mauvais souvenirs aux médecins omnipraticiens qu’on se doit de s’interroger sur la pertinence pour le gouvernement de choisir cette voie.

Faciliter l’accès 

Les médecins omnipraticiens ont toujours souhaité que les Québécois qui le souhaitent aient un médecin de famille, mais surtout qu’ils aient accès aux soins requis au moment opportun. Ils ont toujours été prêts à agir en partenariat avec le gouvernement pour améliorer l’accès, voilà pourquoi nous avons proposé des solutions innovantes au gouvernement au cours des derniers mois et qu’encore tout récemment nous lui avons fait part de notre disponibilité totale pour échanger avec les représentants gouvernementaux.

Malheureusement, nous étions sans retour formel du gouvernement depuis plusieurs semaines. Si c’est avec ouverture comme nous l’avons toujours fait, que nous répondrons à toute invitation gouvernementale pour poursuivre les discussions à ce sujet, nous regrettons le temps perdu.

Les médecins travaillent fort 

Les médecins de famille travaillent extrêmement fort au Québec et portent d’énormes responsabilités sur leurs épaules, autant en clinique qu’en établissement (salles d’urgence, unités d’hospitalisation, CHSLD et soins de longue durée, obstétrique, enseignement, etc.). Et ils le font dans un environnement, sur le plan humain, qui est particulièrement exigeant depuis très longtemps maintenant. Ils ne sont pas des surhumains et ne peuvent pas individuellement se multiplier par magie !

Avec une pénurie d’approximativement 1000 médecins de famille au Québec, une relève qui n’est pas au rendez-vous en nombre suffisant en médecine de famille et des besoins allant sans cesse en augmentant, il est urgent de mettre en œuvre des mesures qui faciliteraient réellement l’accès aux soins de première ligne. On parle ici notamment de l’ajout permanent d’autres professionnels dans les GMF (infirmières, psychologues, travailleurs sociaux), une charge administrative diminuée pour les médecins et un meilleur accès aux plateaux techniques et à certaines consultations spécialisées.

Évitons la bureaucratie 

L’ajout de bureaucratie et d’obligations supplémentaires contre-productives pour les médecins de famille est d’ailleurs à éviter à tout prix, et il sera important de s’assurer que le projet de loi 11 n’emprunte pas cette voie au bout du compte car cela ne mènerait qu’à moins d’accès et au même mur auquel est confrontée actuellement la profession infirmière. Une telle conclusion serait injustifiable.

Alors que nous vivons encore les conséquences d’une pandémie qui a demandé des efforts inédits aux médecins omnipraticiens et à tous les soignants, la FMOQ souhaite la mise en place de mesures concrètes et réalistes pour améliorer l’accès aux soins de première ligne. Elle est ouverte à toute discussion constructive allant en ce sens. Car il ne faut jamais oublier que c’est dans la collaboration et non dans la coercition qu’émergeront de véritables solutions.

Louis Godin, M.D.
Président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec

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