L’agression sexuelle d’un enfant par un proche a l’effet d’une bombe sur la famille et sur les proches, mais du soutien existe. La Fondation Marie-Vincent vient en aide aux enfants qui ont subi de la violence sexuelle ainsi qu’à leur famille, afin de s’en sortir.
L’animateur du TVA Nouvelles, Pierre Bruneau a rencontré Florence, une fillette qui a été agressée sexuellement par son grand-père paternel et qui a eu recours au soutien de la fondation.
C’est la mère de Florence, Geneviève, qui a d’abord remarqué un changement dans le comportement de sa fille.
«Elle devenait colérique, plus qu’à l’habitude, mais sans plus. Elle ne voulait plus le voir. Son regard envers lui m’avait frappé. Elle avait un regard de haine», se rappelle sa maman.
Le grand-père avait aussi commencé à changer ses comportements. «Il la protégeait beaucoup, il lui achetait beaucoup plus de choses à elle qu’à sa sœur ou à son frère», se remémore-t-elle.
La situation a perduré pendant environ deux mois.
Proche de sa fille et ayant une bonne communication avec elle, elle a choisi de lui parler, avec son conjoint.
«À un moment donné, on a affronté la conversation et tout est sorti. [...] «On l’a serrée dans nos bras, on lui a dit qu’on voyait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Au début, elle ne voulait pas parler et elle nous l’a dit, mot pour mot. ''Je ne peux pas te le dire parce que c’est un secret, si je te le dis, je vais aller en prison''. C’est là que moi je lui ai dit qu’il y avait des secrets que tu as le droit de garder pour toi et des secrets que tu as le droit de parler avec papa et maman. Tout a suivi...» détaille Geneviève.
Florence se rappelle les menaces que son grand-père qu’elle aimait lui faisait.
«Il me disait que si je le disais on allait aller en prison les deux. C’est pour ça que je ne le disais pas. Je ne voulais pas aller en prison. Il me disait: «on ne dit pas ça à personne, c’est un secret entre nous deux.» C’est pour ça que je ne l’ai pas dit», exprime avec courage la jeune fille.
Jamais Florence n’avait imaginé que son papi pouvait lui faire cela.
«À l’âge que j’avais je ne savais pas que ça existait, je ne savais pas c’était quoi», laisse-t-elle tomber.
Selon les données, 99% des agresseurs d’enfants font partie de l’entourage, et 75% font partie de la famille.
La dénonciation de l’agression sexuelle a évidemment eu des conséquences sur certaines de ses relations avec la famille.
«Il y a des gens qui ne t’adresseront plus la parole, il y a des gens qui ne te regarderont plus de la même façon qu’avant. Moi je me dis que ces gens-là ne méritaient pas mon amour, de m’avoir dans la famille, si eux réagissent comme ça. Ça leur appartient. Nous ce qu’on a fait on l’a fait pour notre fille, c’était primordial pour la sauver», défend la maman.
Peine énorme pour le papa
Le papa de Florence a dû composer avec une peine énorme, puisque l’agresseur était son propre père.
«Parfois, on a envie de dire des gros mots pour définir cette personne-là [l’agresseur] mais on ne le fait pas parce qu’on respecte aussi notre amoureux qui lui aussi a sa peine à vivre», admet Geneviève.
Les autres enfants du couple doivent aussi faire le deuil de leur grand-père.
«C’est difficile pour les autres enfants aussi parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi ils ne voient plus papi. C’est tout ça à gérer, mais je pense que ça s’est bien fait dans notre cas. On était déjà une belle famille unie, on aime nos enfants plus que n’importe quoi au monde. C’est leur sécurité en premier lieu, leur bien-être en premier lieu. Nous aussi on a un cheminement à faire. Moi c’était mon beau-père et j’avais une très belle relation avec cet homme-là. Moi aussi j’avais un deuil à faire. Mais pour s’en sortir, il faut dénoncer, si on ne le fait pas, ça va ressortir», soutient la mère avec beaucoup de lucidité.
Florence a un message à lancer aux autres enfants et jeunes victimes de violence sexuelle.
«Je dis aux enfants qui vivent une agression sexuelle de le dire et qu’ils ne soient pas gênés de le dire. Si tes parents ne sont pas avec toi, dis-le à quelqu’un que tu aimes, à l’école, à la directrice à quelqu’un comme ça», conclut la jeune fille.
Pour en savoir plus sur la fondation: https://marie-vincent.org/