Le projet de loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les écoles doit être adopté «dès maintenant», selon le collectif «La voix des jeunes compte».
Le groupe composé de femmes âgées de 15 à 21 ans, a demandé au ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, jeudi, d’adopter rapidement le projet de loi n.394 qu’a déposé la députée de Québec Solidaire Christine Labrie, à la fin du mois d’octobre.
Dans une lettre ouverte, cosignée par Tarana Burke, instigatrice du mouvement MeToo, le collectif qui a reçu la Médaille de la paix YMCA 2021, a directement demandé au ministre Roberge de prendre les choses en main et de le faire rapidement.
«Au moment où nous écrivons ces lignes, plusieurs agresseurs circulent partout autour de nous, en toute impunité. Ils récidivent constamment, font plusieurs victimes et tout le monde en est témoin. Il faut faire plus que de simplement les changer d'école, ou, pire, nier ce qui est arrivé», peut-on notamment lire.
L'absence de protocoles adaptés, de ressources tant pour recevoir les plaintes que pour accompagner les victimes ou encore pour documenter les agressions relègue la réalité des violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires au statut de préoccupation marginale, a écrit le collectif.
Il maintient que la réforme de la loi sur l'instruction publique du ministre Roberge, annoncée pour cet automne, ne suffira pas à changer la donne puisque ce ne sont pas tous les jeunes qui ont accès à des adultes de confiance prêts à défendre leurs intérêts; qu'elle n'est pas adaptée à la réalité des jeunes coincés à l'intersection de différentes formes de discriminations; et qu'elle demeure dans une logique punitive plutôt que préventive, voire réparatrice.
«La protection des jeunes, c'est le devoir de tous. [...] Rappelons que 66 % des victimes d'agressions sexuelles ont moins de 18 ans. Nous ne voulons pas [que l’idée de ce projet] soit abandonnée et que toutes les avancées soient effacées», a soutenu Clorianne Augustin, intervenante jeunesse accompagnant le collectif depuis plus de quatre ans.
L'objectif du projet est d'épauler adéquatement l'ensemble de l'équipe-école et de rendre accessible l'accompagnement de professionnels formés et outillés (tel que des T.E.S., sexologues, psychologues, psychoéducatrices, orthopédagogues) pour qu'elle soit en mesure de mieux accompagner les victimes comme les témoins de violences sexuelles.
Les violences sexuelles vécues par les jeunes sont banalisées et minimisées comme étant de «l'exploration sexuelle», de «l'intimidation», voire comme de simples «erreurs de jeunesse», notamment en raison de la culture du silence ainsi que des tabous entourant les agressions sexuelles et la «sexualité» des jeunes. Entre 50 % et 80 % des agresseurs sexuels adultes ont affirmé avoir commis leur premier acte criminel à l'adolescence, selon les études (INSPQ, s.d.).
«Adopter une telle loi ferait du Québec un précurseur, un leader en la matière, tant au niveau national qu'international», a souligné Anuradha Dugal, vice-présidente des initiatives communautaires à la Fondation canadienne des femmes.