34 des 75 lits en dépendance pour ceux et celles qui ont besoin de sevrage à Montréal sont fermés, selon des informations obtenues par TVA Nouvelles.
À l’hôpital Notre-Dame, cinq des dix lits sont fermés depuis plus de six mois. Au Service de réadaptation rue Prince-Arthur, ce sont 10 lits sur 28, alors qu’au même endroit, toutes les civières du service d’urgence sont inaccessibles depuis juillet. Au Centre de réadaptation Louvain, 9 lits sur 27 ne peuvent toujours pas être utilisés.

Avec la pandémie, les demandes d’aide en dépendance ont augmenté. Certains ont pris conscience de graves problèmes avec l’alcool ou les drogues.
«Cette fermeture de lits là est particulièrement dramatique», précise d’emblée Karine Bertrand, directrice scientifique de l’Institut universitaire sur les dépendances de l’Université de Sherbrooke.
«Souvent, ça peut amener un découragement, une impuissance, l’impression qu’il n’y a personne qui va pouvoir aider. Puis l’impuissance, ça peut contribuer à continuer la consommation, et même aggraver les problèmes», poursuit-elle.
Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal explique ces fermetures par la pénurie de main-d’œuvre qui sévit partout en santé.
Au cours de la première vague de la pandémie, plus d’une centaine des 400 travailleurs en dépendance sont allés prêter main-forte dans d’autres services. À leur retour, des lits sont restés fermés parce qu’il a été impossible d’avoir suffisamment d’infirmières, la nuit et le soir, et cela perdure.
«On a dû fermer des lits parce qu’on n’était pas en mesure d’assurer la sécurité du personnel. Présentement, c’est du jamais-vu, 150 usagers en attente, c’est énorme. On parle d’environ sept semaines pour avoir accès aux services», explique Martin Camiré, directeur adjoint du continuum en dépendance du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
Benjaissa Mamah a été chanceux et a pu être admis en centre de dépendance. Il consommait jusqu’à 18 bières par jour dans l’espoir de réduire son anxiété.
M. Mamah l’avoue sans détour; s’il n’avait pas été admis au centre, il se serait suicidé, signe que les ressources sont plus que nécessaires.
Heureusement, après plusieurs mois de fermeture, on espère ouvrir des lits au cours des prochains jours.
«On va être en mesure de rouvrir nos lits de réadaptation interne la semaine prochaine et, la semaine suivante, on est en mesure de rouvrir une dizaine de lits ici à Prince-Arthur», précise M. Camiré.
L’urgence dépendance restera cependant fermée pour le moment et certains consommateurs seront envoyés dans les hôpitaux.