Dans un texte publié récemment dans Le Journal, Amir Khadir défendait l’adoption par QS d’une cible de réduction des gaz à effet de serre se situant entre 55 % et 65 % d’ici 2030. Il dénonçait ce qu’il considère être le manque d’ambition de notre gouvernement en arguant que certains pays ont des cibles plus élevées que nous.
Or, pour comparer des cibles, il faut d’abord examiner le chemin parcouru. Si nous étions à 20 % de réduction comme nous devions l’être depuis 2020, il serait alors bien plus facile de rehausser notre cible actuelle de 37,5 %. Mais, faute d’actions de la part des gouvernements précédents, nos réductions se sont limitées à quelques pour cent. Il nous reste donc encore plus de 30 % de réduction à réaliser d’ici 2030.
L’exemple de l’Europe
Ceci se compare d’ailleurs tout à fait à l’Union européenne, qui vise une réduction de 55 % après avoir effectué des réductions de 25 % depuis 1990.
Il faut aussi spécifier que les réductions européennes ont été en grande partie réalisées en convertissant la production d’électricité au charbon par des énergies renouvelables ou du gaz naturel. L’Europe compte d’ailleurs poursuivre dans cette voie pour réaliser une partie des réductions à venir. Or, au Québec, notre production d’électricité est déjà décarbonée depuis longtemps.
Une fois ces pendules remises à l’heure, je suis conscient qu’il est légitime, et même essentiel, d’avoir un débat sur la hauteur des cibles à atteindre. Malheureusement, ce n’est pas seulement une question d’ambition. Il faut aussi avoir le courage d’expliquer comment ces cibles seront atteintes.
Pour donner un ordre de grandeur, la cible minimale de 55 % proposée par QS nécessiterait d’éliminer l’ensemble du transport routier et de réduire de près du deux tiers les émissions des industries, en huit ans. C’est énorme !
Pourtant, Gabriel Nadeau-Dubois affirmait récemment ne pas vouloir réduire la transition écologique à des gestes individuels, tandis que sa porte-parole en environnement déclarait vouloir imposer un bonus-malus sur les VUS, sans toutefois viser les familles, les gens des régions ou ceux avec des revenus plus faibles.
Réduction GES : les cibles des partis d'oppositions ne sont pas crédibles, dit Benoit Charette :
Comment y arriver?
La question demeure donc : pour attein--dre cette nouvelle cible, quels gestes radicaux QS entend imposer aux Québécois qui sont déjà ceux qui émettent le moins de GES en Amérique du Nord ?
Nous savons déjà que plusieurs dizaines de milliards seront nécessaires pour réduire nos émissions de 37,5 % d’ici 2030. Et nous sommes au rendez--vous, avec près de 7 milliards $ pour les cinq prochaines années et plus de 55 milliards $ en transport collectif, toutes des sommes records.
Aller plus vite et plus loin que la cible de notre gouvernement nécessiterait l’ajout de dizaines de milliards de dollars supplémentaires ou l’imposition de mesures punitives d’une ampleur inédite. QS devra donc nous expliquer comment il compte y arriver, sans s’en prendre aux familles ou aux régions.
Voilà quelques considérations qu’un gouvernement responsable et pragmatique doit avoir en tête avant de prendre des décisions. À ce chapitre, le PEV 2030 que nous avons présenté il y a un peu plus d’un an est détaillé, chiffré et budgété comme bien peu d’autres le sont dans le monde.
La seule ambition, c’est bien, mais un véritable plan, c’est encore mieux.
Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques