Les salles de cours ne sont pas des «espaces sécuritaires» (safe spaces) et tous les sujets «sans exception» peuvent y être débattus, conclut une commission chargée de protéger la liberté académique.
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Cette commission, constituée à la suite de plusieurs épisodes de tensions entre professeurs et étudiants, notamment sur l’utilisation du «mot en N» en classe, et menée par l’ex-ministre péquiste Alexandre Cloutier, a présenté son rapport, mardi.
Elle y fait plusieurs recommandations au gouvernement afin de protéger la liberté universitaire, dont faire adopter une loi pour définir ce concept. Il y serait alors consacré comme une condition essentielle à l’accomplissement de la mission de l’université.
Les «traumavertissements» non imposables
La «Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire» émet également cinq «avis» à l’endroit des établissements.
Notamment, que l’utilisation par les professeurs de «traumavertissements» avant la présentation de certains contenus potentiellement traumatisants relève de leur choix, mais ne peut leur être imposée.
Et que toutes les idées et tous les sujets peuvent être débattus «de manière rationnelle et argumentée» à l’intérieur des classes, à l’intérieur de certaines limites.
«Dans une salle de classe, tu n’es pas là pour insulter personne, tu n’es pas là non plus pour endoctriner ta classe sur des trucs qui n’ont rien à voir avec l’objet du cours. Tu dois évidemment respecter les règles du savoir-vivre minimales», a expliqué le président de la Commission, Alexandre Cloutier, en conférence de presse.
Dans le cadre d’un sondage mené auprès du corps professoral afin de documenter le phénomène de censure dans les universités, 60 % des répondants ont affirmé avoir, au cours des cinq dernières années, évité d’utiliser certains mots dans le cadre d’activités d’enseignement.
«C’est préoccupant et on voit que ce n’est pas marginal, c’est du costaud», a commenté Alexandre Cloutier.
Des comités
Selon lui, il est essentiel d’offrir une définition de la liberté universitaire qui soit la même pour tous les établissements d’enseignement supérieur au Québec. «C’est la seule façon d’assurer qu’il y ait une réelle protection de la liberté universitaire au Québec», dit-il.
La loi qu’il propose prévoirait la formation de «comités» chargés d’entendre les litiges sur la liberté académique, et ce, dans chaque université. Ainsi, les plaignants et les victimes auraient un endroit où faire leurs arguments, fait valoir Alexandre Cloutier.
«Au moment où on se parle, il survient une situation dans une université, sincèrement bonne chance. Le problème qu’on a à l’heure actuelle, c’est que c’est à géométrie variable», explique-t-il.
McCann réagit
La ministre responsable de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a réagi au dépôt du rapport en rappelant que «la liberté académique est une condition primordiale à la santé de notre milieu universitaire».
«J’accueille avec beaucoup d’intérêt les recommandations de la Commission. Nous allons les analyser et rapidement rendre publiques les intentions de notre gouvernement», a-t-elle indiqué.
Écoutez l’entrevue de Georgia Vrakas, professeure au département de psychoéducation de l’UQTR :