En offrant ses vœux de Noël en chambre, vendredi, François Legault a parlé de l'année politique à venir en ces termes: «Ça va être plus corsé d’ici le 3 octobre.»
Et l'année électorale 2022 commencera par une bataille s'annonçant déjà «corsée»: la partielle dans Marie-Victorin.
Du type de celles qui font date. Rappelons-nous à quel point, par exemple, l'élection dans Louis-Hébert, le 3 octobre 2017, fut déterminante.
La CAQ avait alors réussi à remporter ce château fort libéral, grâce entre autres à Geneviève Guilbault, qui avait remplacé au pied levé le candidat (plutôt terne) Normand Sauvageau. (Ce dernier s'était retiré début septembre 2017, après qu'une plainte pour harcèlement psychologique à son endroit ait été rendue publique.)Soudain, une légère tendance favorable à la CAQ, observée dans les sondages, se matérialisait en une victoire bien concrète, à un an des élections générales. Le «récit» d'une CAQ en croissance et voguant vers le scrutin du 1er octobre 2018 était installé.
Vital
Pour le PQ, l'issue dans Marie-Victorin est ni plus ni moins que vitale.
Une victoire installerait le «récit» d'une possible renaissance relative (du type «sauver les meubles»), dont un signe avant-coureur a été détecté dans la légère remontée de 2 points du dernier Léger (2 décembre, le PQ était à 13%, comme QS); mais aussi dans un «membership» solide (bien que vieillissant) et un financement stable, malgré les difficultés du parti.
En revanche, perdre dans Marie-Vic, comté ayant été représenté par tant de péquistes renommés (Pierre Marois, Bernard Drainville, Catherine Fournier) et ayant résisté, en 2018, à la vague caquiste (mais de justesse, 750 voix), serait ni plus ni moins qu'une catastrophe. Peut-être même létale. Le «récit», ici, serait celui d'une quasi-disparition inéluctable, au prochain scrutin général.
Toute la gomme
Dans le parti de Paul St-Pierre-Plamondon, ainsi, rien ne sera épargné pour l'emporter. Il fallait un candidat de qualité; le PQ en a trouvé un, Pierre Nantel.
Ancien animateur à Qub, son parcours politique est pour le moins sinueux: élu au fédéral avec le NPD dans la vague orange; critique du signe religieux de son nouveau chef Jagmeet Singh, il se déclara toujours souverainiste. Éjecté du NPD, il se présenta pour le Parti vert aux fédérales de 2019, causant des maux de tête à Elizabeth May («Pierre est souverainiste, mais comme beaucoup de Québécois, pas séparatiste...»). Il arriva 3e.
Sa candidature péquiste de 2022, Nantel me l'a présentée, à Qub, comme un «retour au bercail», dans un parti qui fut son «école politique».
Autre signe que le PQ donnera toute la gomme: il a déjà dévoilé aux médias un premier sondage maison effectué par Segma, une firme qu'on dit peu portée sur les coups de sonde politiques. Les résultats? Évidemment (sinon, il n'aurait pas coulé) très favorables à son candidat. Nantel serait en avance avec 33% des intentions de vote, la CAQ ne récoltant que 18%. Or, ni la CAQ, ni QS, n'ont encore présenté leur candidate ou candidat.
La date de l'élection est toujours inconnue. Le gouvernement pourrait théoriquement attendre jusqu'au 8 mai pour déclencher, mais François Legault a déjà dit qu'il ne tardera pas, après les Fêtes, et promet de travailler fort aussi. On peut parier que dans Marie-Vic, les péquistes prendront peu de vacances.