Une pharma française espère obtenir une aide de 100 millions de dollars de Québec et d’Ottawa pour fabriquer des vaccins anti-COVID-19, à Boucherville, en banlieue de Montréal.
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Début janvier, Delpharm Industrie a ajouté une inscription au Registre des lobbyistes dans laquelle elle fait part de son désir d’obtenir « environ 55 millions $ au niveau provincial, et un montant similaire au niveau fédéral dans le cadre du programme de biomanufacturing ».
Nouveau bâtiment, lignes de remplissages, remise à niveau... Delpharm détaille ce qu’elle projette de faire en sol québécois avec l’aide publique.
« Demande de subvention pour la modernisation et l’augmentation des capacités de l’usine située au 121 rue Jules Leger, Boucherville J4B 7K8, en particulier pour la fabrication potentielle de vaccins COVID-19 », peut-on lire.
L’adresse mentionnée est celle de l’ancien Centre de développement de Sandoz, propriété de Novartis, qui n’a pas pu répondre à nos questions, et a renvoyé la balle à Delpharm, qui a refusé d’accorder une entrevue.
« Nous sommes encore en train de travailler sur ce sujet donc il serait prématuré de faire cet entretien », a répondu son directeur général délégué, Stéphane Lepeu, par courriel, en coupant court à nos questions.
Fait rare, après que Le Journal eut contacté Delpharm, des éléments ont disparu du Registre des lobbyistes en raison d’« une demande d’ordonnance de confidentialité » transmise au Commissaire au lobbyisme du Québec (CLQ).
« L’ordonnance de confidentialité a été demandée et elle est présentement à l’étude par le CLQ. Une décision doit être rendue sous peu par le Commissaire », a expliqué sa porte-parole Marie-Noëlle Saint-Pierre.
Des Français déjà présents ici
Delpharm a son siège social à Boulogne-Billancourt, en France. Ses 5500 employés fabriquent un milliard de boîtes de médicament par an. Elle a 18 sites, dont un à Pointe-Claire. Son chiffre d’affaires avoisine les 1,3 milliard $.
Dans l’Hexagone, c’est Delpharm qui a fabriqué les vaccins anti-COVID-19 « Faits en France » avec Pfizer/BioNTech.
En avril dernier, le président français Emmanuel Macron a visité l’usine de la pharma de Saint-Rémy-sur-Avre, qui commençait à faire le vaccin.
Au Québec, Pfizer n’est cependant pas impliquée dans le projet de Delpharm Boucherville, selon la porte-parole de la multinationale, Christina Antoniou.
Chez Médicago, qui a comme actionnaire majoritaire un holding du géant japonais Mitsubishi Tanabe Pharma Corporation, on dit aussi ne pas être au courant du dossier. Moderna n’a pas répondu à nos questions.
Pas de rencontre
Ces derniers jours, le cabinet du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, et celui du ministre fédéral de l’Innovation, François-Philippe Champagne, ont tour à tour indiqué ne pas avoir eu de rencontre avec Delpharm.
Hier, Montréal International (MI), qui a le mandat d’attirer des investissements directs étrangers et des organisations internationales chez nous, a confirmé travailler avec Delpharm, sans pouvoir en dire davantage.
« Delpharm fait partie des nombreuses filiales que nous accompagnons dans le grand Montréal. Nous sommes cependant liés à une entente quant à la confidentialité de tout projet », a conclu l’organisme.
– Avec la collaboration d’Olivier Bourque