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Explosion des coûts de construction: les pires hausses en plus de 35 ans

Source : Statistique Canada, octobre 2021 par rapport à octobre 2020, avec l'Association de la construction du Québec

Pour la première fois en 35 ans, le prix des maisons neuves a augmenté de plus de 20 % au cours de la dernière année, et c’est loin d’être fini si l’on se fie à l’explosion du prix des matériaux de construction.

« Au Québec, les [prix des] maisons ont augmenté de 20 % la dernière année. C’est un record depuis les premières données de 1987 », explique au Journal Paul Cardinal, directeur du service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

À l’Association de la construction du Québec (ACQ), on pointe les salaires et les matériaux, qui représentent la moitié du prix d’une construction neuve.

« On a négocié des augmentations salariales de 2 % lors des dernières conventions collectives et le prix des matériaux a bondi de plus de 33 % la dernière année, alors ça se reflète nécessairement sur la facture », souligne son porte-parole Guillaume Houle. (Voir illustration)

Si l’augmentation du prix du bois de 0,7 % paraît mince, c’est qu’il a déjà atteint des sommets. En février dernier, un 2x4 en épinette se vendait 6,49 $, soit 125 % de plus qu’avant la pandémie de COVID-19 alors qu’il se détaillait à 2,89 $.

« Depuis, ça reste haut, mais ça augmente moins vite que les autres matériaux. Ce sont des montagnes russes », observe Guillaume Houle de l’ACQ, qui a fourni au Journal des exemples de hausses observées.

Alors que le prix du bois a baissé beaucoup à l’automne, il vient de redécoller. 

« On a des prévisions d’augmentation de 10 % d’ici janvier 2023, mais c’est toujours très volatil », analyse Paul Cardinal de l’APCHQ.

Jeudi dernier, lors du passage du Journal dans un Home Depot sur la Rive-Sud de Montréal, des entrepreneurs généraux comme Christian, de Rénovations NCL inc., s’affairaient à trouver leurs matériaux à bon prix.

« La plomberie a augmenté pas mal. Tout a augmenté, ça avait redescendu il y a peu de temps, mais c’est reparti », a partagé l’homme en chargeant son camion. « J’ai des clients qui comprennent que l’alimentation est plus chère, et que c’est la même chose pour la construction », a-t-il philosophé.

Une Tempête parfaite 

Pour Éric Côté, PDG de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ), on assiste à une tempête parfaite avec les pénuries, les délais de livraison et l’absentéisme sur les chantiers en raison de la COVID-19.

« Rien n’indique que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement vont se calmer. C’est intenable pour les entrepreneurs et leurs clients », lance-t-il.

« On voit souvent des maisons qui vont coûter de 10 000 $ à 70 000 $ de plus en raison du prix des matériaux », souligne de son côté Gina Baroni, directrice de l’organisme SOS Plan de garanties résidentielles.

« Il y a une grande partie d’entrepreneurs qui ne réussissent pas à justifier totalement ces augmentations-là », estime-t-elle. L’an dernier, son organisme a aidé 78 personnes, qui ont reçu leur maison en retard, en pleine pandémie.

Pour Marc-André Harnois, directeur général de l’Association des consommateurs pour la qualité de la construction (ACQC), ces cas sont légion. 

« Depuis que les prix ont bondi, on a bien vu à quel point un contrat préliminaire ne vaut finalement pas grand-chose, et c’est bien davantage ça qui est révoltant », conclut-il.


On comptait 67 962 mises en chantier au Québec l’an dernier, selon l’APCHQ, qui s’attend à une baisse de 11 962, ou 18 %, cette année, à 56 000 mises en chantier.

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