La cérémonie de samedi devant le Centre culturel islamique de Québec pour ne pas oublier les six victimes et huit blessés de la tuerie survenue il y a cinq ans a été marquée par une oratrice qui s’en est pris à la loi 21.
«Nous aurions tellement souhaité éviter ce drame. Mais à défaut de l’avoir fait, il nous reste un important devoir de mémoire pour ces hommes partis trop tôt», a affirmé le maire de Québec Bruno Marchand.
Des survivants de la tuerie, des élus et des dignitaires étaient réunis à l’extérieur de la grande mosquée de Québec, près du mémorial érigé en l’honneur des victimes. Ils ont pu prendre la parole entre prières et poésie alors que la douleur de la tragédie est toujours aussi vive.
L’événement a été marqué par la vice-présidente de la London Muslim Mosque et avocate au Conseil national des musulmans canadiens Nusaiba Al-Azem, qui s’est attaquée à la loi 21.
«Nous sommes laissés de côté lorsqu’il s’agit d’opportunités de travail ou de promotions, et à certains endroits, nous ne sommes pas en mesure de gagner notre vie tout en portant un hijab, car l’État en a voulu ainsi», a-t-elle déploré en anglais.
«Parce que l’islamophobie ne naît pas le jour où un homme tire dans une mosquée. Elle commence dans les salles de classe, dans les milieux de travail, dans les rues, à la table à manger et dans la législature».
Aymen Derbali, resté paraplégique après l’attentat a aussi déploré le manque de volonté politique du Québec pour lutter contre « la haine, la discrimination, le racisme et l’islamophobie».
«La douleur reste»
De nombreux élus comme le ministre fédéral de la Santé et député de Québec Jean-Yves Duclos, le premier ministre du Québec François Legault et la cheffe de l’opposition officielle Dominique Anglade étaient présents à l’événement.
«Les années passent, mais la douleur reste. Je veux dire aux proches des victimes: non, le Québec n’a pas oublié; non, le Québec n’oubliera jamais», a fait valoir M. Legault.
«Travail à faire»
M. Duclos a partagé quelques mots pour le premier ministre du Canada Justin Trudeau qui ne pouvait assister à la cérémonie après avoir été exposé à la COVID-19.
«On sait qu’il reste encore beaucoup de travail à faire. [...] Parce qu’il y a encore du racisme, ici même à Québec. Parce qu’il y a encore des personnes musulmanes qui se sentent écartées dans notre société», a souligné M. Duclos en lisant le message de M. Trudeau.